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Histoire vaudoise, l’ouvrage qui fera date

Félicien Monnier
La Nation n° 2033 11 décembre 2015

Ces dernières décennies, la recherche académique en histoire vaudoise a explosé. Nous le devons notamment aux impulsions données à leurs étudiants par MM. les professeurs Jean-François Poudret, François Jéquier et Agostino Paravicini dès les années 1980. De nombreuses personnalités très actives aujourd’hui ont emprunté les chemins qu’ils ont défrichés. Plus de quarante ans après la publication du quatrième volume de l’Encyclopédie illustrée du Pays de Vaud, et vingt ans après celle de l’Histoire du Pays de Vaud de Lucienne Hubler, il se justifiait de publier une synthèse tenant compte des nombreuses études menées depuis lors.

C’est désormais chose faite depuis le jeudi 3 décembre, date de la présentation du plus bel ouvrage d’histoire vaudoise sans doute jamais publié. Intitulé sobrement Histoire vaudoise, il s’agit d’un ouvrage collectif de près de six cents pages, réunissant vingt et un auteurs, coédité par la Bibliothèque historique vaudoise et les éditions InFolio. Chacun des auteurs a été choisi pour sa spécialité et l’autorité dont il jouit dans son domaine,  «depuis des décennies pour certains d’entre eux», ainsi que le relève le professeur François Jéquier dans sa préface. Après ces quelques mots introductifs s’égrène dans l’ordre chronologique la vie des Vaudois de la préhistoire à nos jours. Cette vaste cavalcade diachronique est marquée de pauses. On s’arrête parfois pour dresser un état des lieux culturel, architectural ou social, ou enfin, pour conclure sur ce qu’il reste à cultiver du champ historiographique cantonal.

Les titres des chapitres, très bien trouvés, sont évocateurs. Le professeur d’archéologie Gilbert Kaenel, couvrant les quinze mille premières années avant notre ère, nous apprend que «les premiers habitants venaient du froid». Gilbert Coutaz, archiviste cantonal, évoque la période allant du VIe au Xe siècle en nous révélant que «Vaud se trouve un nom». Le professeur Denis Tappy traite de la période durant laquelle «la Savoie dicte sa volonté» et, sous la plume de Barbara Braun, ancienne directrice de la Bürgerbibliothek de Berne, «Leurs Excellences prennent leurs aises». Olivier Meuwly, fidèle à sa chère histoire politique, attaque de front les XIXe et XXe siècles, nous apprenant que «le Canton se dessine une identité». Et ainsi en va-t-il sur vingt chapitres.

L’absence d’appareil critique est un choix délibéré. Une bibliographie générale permet d’approfondir la matière. L’autorité des auteurs légitime cette entorse aux principes académiques. Cela contribuera à diffuser plus largement encore l’ouvrage en lui ôtant le caractère irrémédiablement universitaire des notes de bas de page.

Cette description est sommaire. Elle le serait encore plus si nous omettions la richissime iconographie de l’ouvrage, qui mériterait une recension à elle seule; il est rare d’avoir sous les yeux un livre d’histoire nous offrant en grand format et en couleurs une affiche de Nestlé, une page de la Feuille d’Avis de Lausanne, un plan cadastral de 1702 de la commune d’Etoy ou un acte juridique rodolphien de 1018.

Effectuer une telle synthèse est un travail titanesque. Le choix d’en faire un ouvrage collectif constitue en soi un objet de débat. Il a l’avantage de diminuer la charge de rédaction en la répartissant. En contrepartie, le travail de coordination s’en trouve multiplié. Certains auraient souhaité un auteur unique pour gagner en dynamisme. Histoire vaudoise nous propose vingt et un auteurs, mais parmi les meilleurs dans leur domaine. Tout dépend alors de la qualité des articulations. La division en parties puis en chapitres, le tout cadré par des chronologies intermédiaires, permet ainsi les superpositions, garantissant la fluidité de la lecture.

Aussi la direction de cet ouvrage aura-t-elle été multicéphale, donnant à chacun de ses responsables d’intervenir dans des phases différentes. Nous la devons à l’historien Olivier Meuwly, au graphiste Laurent Pizzotti, aux coéditeurs Antoine Rochat (Bibliothèque historique vaudoise) et Frédéric Rossi (InFolio), ainsi qu’à Corinne Chuard, historienne et rédactrice.

La Nation ne manquera pas de revenir à plusieurs reprises sur cet ouvrage. Les mille et une perspectives qu’il ouvre, les questions auxquelles il répond, les solutions qu’il esquisse pour l’avenir sont autant de champs de réflexion politique et culturelle pour le Canton. En ce mois de décembre, Histoire vaudoise est le cadeau idéal. Il mérite dès aujourd’hui une place de choix dans nos bibliothèques, mais également dans notre cœur.

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