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Ecole vaudoise: Le système le meilleur

Cosette Benoit
La Nation n° 1914 6 mai 2011
Au début de son exposé, M. Delacrétaz nous a invités à regarder l’Ecole vaudoise bien en face. Car elle existe, non comme un système abstrait, mais comme une réalité. Elle évolue au fil de l’histoire, avec ses milliers de maîtres et ses dizaines de milliers d’élèves. Au lieu de raisonner dans le vide, il faut réfléchir à partir de cette réalité concrète d’une institution qui dépend de la réalité sociale et professionnelle de notre Canton. Ce n’est que de cette manière que l’on parviendra à changer l’Ecole selon son rythme, en fonction de ses insuffisances et de ses besoins.

Le manque de connaissances des élèves qui sortent de l’Ecole atteste qu’une réforme du système scolaire s’impose, comme le confirment de nombreux maîtres d’apprentissage qui déplorent le mauvais niveau de leurs apprentis, en particulier dans les disciplines de base (français, mathématiques).

Quoi qu’en disent les prophètes de la pédagogie moderne, l’Ecole existait avant la réforme EVM, avant le socioconstructivisme et l’émergence de sa notion abstraite de «sujet épistémique». En langage commun, il y a des élèves qu’il faut instruire et préparer pour leur future carrière. Notre conférencier salue la persévérance des parents et des enseignants qui poursuivent leur travail en dépit du chaos provoqué par les réformes incessantes du système. Malgré les exigences et les évaluations toujours revues à la baisse, certains instituteurs, convaincus qu’il faut donner aux élèves une solide éducation dans les disciplines de base, continuent d’enseigner le vocabulaire, de faire des dictées et d’exercer les livrets et le calcul mental.

Olivier Delacrétaz revient sur la question de la dévalorisation de la VSO en braquant le projecteur sur l’ancestral préjugé académique qui consiste à hiérarchiser les activités humaines en fonction de leur niveau d’intellectualité. Le problème s’aggrave lorsque le préjugé égalitaire vient s’ajouter au préjugé académique. La formation universitaire n’est plus seulement une aspiration, elle devient un droit; ne pas y parvenir, c’est à la fois échouer et être victime d’une injustice. La conséquence directe de cet engouement pour les formations intellectuelles est de faire passer les métiers non académiques au rang de sousmétiers et de générer une peur panique des instruments sélectifs tels que toute forme d’évaluation et de redoublement. S’ensuit la mise en place de structures d’appui, de remédiations à l’infini, de compléments, etc. En réalité, la solution n’est pas de revaloriser les élèves de VSO, mais bien plutôt de prendre conscience de ce préjugé et de l’importance de ventiler l’intelligence dans tous les domaines de la vie professionnelle. «Il faut des neurones partout» précise notre conférencier.

Toutefois, ce n’est pas le rôle premier de l’Ecole de privilégier la formation manuelle car elle est le lieu proprement dit de la formation intellectuelle. Elle a pour tâche de dispenser les connaissances scolaires, elle ne peut pas tout faire. Il faut qu’il y ait un véritable dialogue entre l’Ecole et les métiers et que chacun joue son rôle. L’Ecole doit être attentive à ne pas dévaloriser les formations manuelles et parallèlement, il appartient aux patrons de montrer quel est l’intérêt de leur activité afin de donner aux élèves l’envie d’apprendre un métier1.

Le contre-projet LEO ne va pas du tout dans le sens des principes sensés qui viennent d’être énoncés. Il renforce le préjugé académique: au lieu de préparer les élèves qui ont moins de facilité à l’école à l’apprentissage d’un métier, il supprime la VSO pour donner à tous la «chance» d’échapper à une formation manuelle. Il cède à l’obsession égalitariste et à la phobie de l’échec en édulcorant le système de notes et en diminuant les exigences de promotion au degré supérieur. Dans la droite ligne des précédentes réformes de l’Ecole vaudoise, il ne donne pas de véritables réponses au problème de l’insuffisance des connaissances scolaires des élèves.

Loin de se laisser séduire par l’idéologie dominante et les effets de mode de la pédagogie, les auteurs de l’initiative «Ecole 2010» cherchent à répondre le plus adéquatement possible aux défis posés à l’Ecole vaudoise. Enseignants et parents d’élèves, ils sont aux prises avec les réalités scolaires, ce qui leur permet d’adopter une approche empirique, pragmatique, prudente et pleine de bon sens.

L’initiative a le mérite d’être claire et précise. On peut ne pas adhérer à chaque détail, mais cela n’affaiblit en rien sa cohérence et sa qualité globale. Les objectifs scolaires sont explicites et détaillés pour chaque niveau et chaque branche, laissant une grande autonomie méthodologique aux enseignants tout en précisant quels sont leurs responsabilités et les buts pédagogiques qu’ils doivent atteindre. Après l’échec de la méthode constructiviste, «Ecole 2010» propose de revenir aux méthodes de pédagogie explicite qui permettent à l’enfant d’acquérir de véritables connaissances basées sur un apprentissage graduel et structuré selon des règles bien définies que l’enfant doit connaître et être capable d’appliquer. L’initiative prévoit également une évaluation plus claire au moyen des notes et des moyennes dès la première année primaire et jusqu’à la fin de la scolarité obligatoire, ce qui permettra d’évaluer précisément les capacités scolaires des enfants. Pour préparer les élèves à leur formation future, l’enseignement des branches principales sera renforcé, particulièrement au niveau de la VSO qui présente de grandes lacunes.

Il y aurait encore beaucoup de choses à dire au sujet de l’initiative «Ecole 2010»; nous nous sommes contentée de mentionner les points essentiels.

Nous concluons avec les mots de M. Delacrétaz: «Maintenant, vous votez ce que vous voulez.»

 

NOTES:

1 Cette remarque fait écho à la conférence de M. Gaudard, maître d’apprentissage, lors de la première soirée de notre séminaire.

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