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La police de proximité

Olivier Klunge
La Nation n° 2162 20 novembre 2020

La réforme policière entérinée en 2009, face à l’initiative d’Artagnan pour une police unifiée, visait à restreindre le nombre de polices communales dans le but notamment d’améliorer la concertation dans la conduite politique de la sécurité. Depuis, il ne reste plus que huit corps de police intercommunaux et la police lausannoise.

L’importance d’une bonne coordination et la nécessité de développer des compétences pointues, par exemple pour la police scientifique ou anti-émeute, plaident pour une concentration du commandement au niveau cantonal. Ces tâches spécifiques ne sont heureusement pas (encore?) la plus grande part du travail de notre police.

En matière de stationnement, de circulation, de lutte contre les incivilités, la petite délinquance, les nuisances sonores et l’inévitable littering, la principale qualité de la police est sa proximité. Cette notion implique, d’une part, une présence visible fréquente, d’autre part une connaissance du terrain permettant de juger quand et comment il faut intervenir. Le fait que les justiciables et les agents de police se connaissent, même juste de vue, permet de mieux faire respecter l’ordre, et ceci avec moins de contrainte. Le policier pourra renoncer à verbaliser un stationnement gênant devant la promesse du contrevenant qu’il s’agit d’un cas unique. L’agent sait qu’il sera là pour le vérifier les jours suivants et l’automobiliste qu’il a usé de son joker.

La proximité n’est pas seulement celle des agents, mais aussi celle des décisions. C’est au niveau local que l’autorité doit pouvoir décider des actions et des priorités: faut-il une patrouille de nuit, sur quelle place, avec quel objectif et quels moyens? Les municipalités, responsables directement devant leurs administrés, doivent avoir une compétence en la matière, et pas seulement à Lausanne ou dans les villes.

La gendarmerie, avec son organisation centralisée (30 postes pour 250 communes sans police communale) et ses multiples tâches, n’arrive pas à assurer cette police de proximité. Dès lors, de nombreux bourgs, ne pouvant se permettre les exigences drastiques d’un corps de police local, ont engagé des assistants de sécurité publique auxquels ils ont confié des tâches de proximité.

Nous atteignons ici les limites de l’organisation policière actuelle. Si l’engagement d’agents de sécurité est une belle preuve de pragmatisme face à une organisation trop rigide, il est difficile de s’en satisfaire. Ces agents publics, prévus pour coller des amendes de stationnement, n’ont ni la formation, ni les compétences pour exercer des prérogatives de police. Ils ne sont pas armés, ils ne peuvent pas contraindre les quidams à révéler leur identité, ni les appréhender.

Il serait souhaitable que les communes puissent engager des agents de police pourvus de certaines prérogatives d’usage de la force publique et formés à cet effet. Si le port d’une arme à feu paraît disproportionné, ces policiers pourraient, comme le bobby anglais, être équipés d’une matraque (dite bâton tactique) ou de spray au poivre. La supervision de ces agents devrait pouvoir être confiée non seulement à la police cantonale mais aussi à un corps intercommunal. Puisque les communes qui feraient usage de cette possibilité déchargeraient la police cantonale, cela devrait se ressentir sur la facture qu’elles assument de ce chef.

Les habitants du Canton bénéficieront d’une multiplication des polices communales, polices de proximité. La police cantonale y gagnera de se concentrer sur les autres tâches de sécurité qu’elle peut seule assumer.

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