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Le fédéralisme et le virus

Olivier Klunge
La Nation n° 2164 18 décembre 2020

«Le virus ne s’arrête pas aux frontières cantonales!» Postulat tant entendu depuis le début de la crise de la Covid. Il semble pourtant que le virus ne s’intéresse pas non plus beaucoup aux frontières étatiques ou continentales. A suivre cet argument, seule l’Organisation mondiale de la Santé serait l’échelon apte à gérer ces défis. Elle n’a pourtant pas particulièrement brillé et l’Union européenne non plus. Il n’est pas non plus sûr que, si la communauté internationale s’était alignée dans sa gestion de la crise sur le leader du monde libre, le nombre de morts en eût été diminué…

Ce n’est pas parce qu’un problème est global qu’il sera mieux traité par une organisation mondiale. Ce n’est pas parce que l’eau est un besoin universel que son approvisionnement sera mieux géré par un gouvernement planétaire que par une commune. L’échelon local a l’avantage général de la proximité avec son sujet. Connaissant mieux les habitudes de sa population, ses moyens, ses forces et ses limites, il conduira avec plus de finesse sa politique. Une structure plus petite est aussi plus flexible. Si les autorités de Yuhan avaient eu, lors de l’apparition des premières infections massives, le souci de leur population, et non du respect du dogme du parti central, nous n’en serions peut-être pas là.

D’un point de vue global, la multiplication des centres de décisions diminue le risque qu’une erreur devienne générale. Elle permet aussi d’évaluer l’efficacité de différentes réponses. L’analyse et le partage d’informations entre les cantons et les nations auraient-ils permis de mieux nous préparer à la deuxième vague?

En Suisse, les cantons sont responsables du système de santé. Ils sont aussi responsables de la préparation de leurs hôpitaux, de leur corps médical et infirmier pour affronter une crise sanitaire. C’est donc à chacun de la gérer pour son territoire et sa population. Cela n’empêche ni de s’inspirer des bonnes expériences, ni de se coordonner. Cette responsabilité cantonale n’exclut pas non plus une action subsidiaire de l’Etat fédéral, par exemple par un appui de l’armée ou des assurances sociales aux populations particulièrement touchées.

Les nombreux adeptes de la centralisation au niveau fédéral espèrent généralement que leur solution locale soit étendue partout. Considérant les équilibres confédéraux, nos centralisateurs oublient qu’à l’échelle de la Suisse les cantons romands ne font pas le poids. La soi-disant «reprise en main» des mesures sanitaires par le Conseil fédéral a montré que ce qui importe au fond c’est Zurich. Ce récent épisode montre d’ailleurs les limites de la prétendue nécessité de mesures unifiées, puisque le gouvernement central a finalement pris des mesures différenciées selon les cantons…

Le fédéralisme helvétique est aussi une politique de gros temps.

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