Architecture du Canton de Vaud, 1975-2000

L’architecture vaudoise existe-t-elle? Sans doute des quantités d’étages d’habitations s’empilent-elles dans des régions bucoliques, sans originalité ni qualité artistique quelconque, et c’est désolant. Mais en cherchant un peu, ou en consultant les ouvrages qui sont publiés, on peut trouver des réalisations moins conformistes, plus personnelles, parfois même grandioses, dues aux quelques architectes qui ont du talent, de la persévérance et la volonté d’aboutir. Car les obstacles à de belles constructions neuves sont nombreux, et ni les règlementations multiples, ni le manque d’énergie des autorités, ni l’accueil réservé du public ne facilitent les efforts pour placer dans nos villes et nos bourgs des bâtiments qui forcent l’admiration.

Notre ami Pierre Bolomey avait publié deux beaux volumes, lorsqu’il présidait la section vaudoise de la Société d’art public (aujourd’hui Patrimoine suisse, ex-Heimatschutz): Aspects du patrimoine vaudois, 1990 et 1995. Ces ouvrages faisaient la part belle à l’archéologie, aux restaurations et aux rénovations, mais comportaient aussi une section consacrée à l’architecture la plus contemporaine. Magnifiques volumes fortement illustrés en couleur, qui font encore honneur à celui qui fut leur cheville ouvrière.

Deux répertoires plus larges dans leur choix et illustrés en noir-blanc ont été édités récemment. Ils couvrent les années 1920-1975 pour l’un (paru en 2012), les années 1975-2000 pour le second (paru cette année), également sous le même titre: Architecture du canton de Vaud et publiés sous la direction de Bruno Marchand, professeur au Laboratoire de théorie et d’histoire de l’architecture à l’EPFL, aux Presses polytechniques et universitaires romandes. C’est ce second volume que nous présentons ici, élaboré en collaboration avec Pauline Schroeter. Cet ouvrage de 463 pages s’intéresse aux constructions édifiées durant le dernier quart du XX^e siècle, lesquelles sont décrites, commentées et illustrées. Elles sont au nombre d’environ 350 et sont parsemées dans toutes les régions du Canton. Bâtiments isolés, mais aussi ensembles formant un quartier, comme les Pugessies à Yverdon, maisons privées ou quartiers urbains. La part belle est faite aux écoles, qui présentent une qualité d’architecture au-dessus de la moyenne, mais aussi aux églises et autres bâtiments publics comme les salles de spectacle, les centres communaux polyvalents, les hôpitaux, les prisons, les centres sportifs, etc. Les aménagements comme les places, les ponts, les gares sont également répertoriés. Pour les auteurs, les constructions publiques sont plus riches et plus originales que les immeubles en mains privées, ce qui n’est pas pour nous surprendre. Les rénovations de bâtiments anciens, de cures, de châteaux, ou des annexes de monuments, comme la billetterie-boutique de l’Hermitage, à Sauvabelin, ne sont pas oubliées. Un copieux «Epilogue» (80 pages) reprend et articule par chapitre les objets présentés chacun sur une page dans les premières parties, parfois non sans jargon de spécialiste; mais il manque cruellement de renvois entre cette conclusion et les présentations particulières. Manquent aussi des index (lieux et personnes), ce qui rend l’ouvrage malcommode à utiliser. Mais sa lecture nous rassure sur les réflexions et les travaux des architectes qui ont du génie, et l’on constate qu’ils ne sont pas très nombreux; les mêmes noms apparaissent souvent dans cet ouvrage de référence.

Merci au professeur Bruno Marchand de nous permettre, grâce à ces deux répertoires, d’ouvrir les yeux sur ces huitante ans de constructions de qualité dans le Canton. Il viendra présenter son livre lors de l’entretien du mercredi 19 janvier prochain (voir programme sur cette page).