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La pauvreté dans le Canton

Jean-François Cavin
La Nation n° 2191 31 décembre 2021

Certaines organisations caritatives et certaines voix de la gauche misérabiliste répètent volontiers que dans notre pays si riche, la pauvreté est bien plus importante qu’on croit: elle frapperait près de 10% de la population. Numerus, le courrier statistique de l’Etat de Vaud, donne dans son édition de novembre dernier une tout autre image. C’est seulement 5,4% de la population (chiffres 2018) qui vivrait en dessous du seuil de pauvreté.

Ce seuil, conformément à l’usage des services sociaux et des statisticiens, est fixé à 2 100 francs de revenu mensuel pour une personne seule, à 4 100 francs pour un couple avec un ou deux enfants; on inclut dans ce montant les prestations des régimes sociaux publics, ainsi qu’une petite fraction de la fortune (s’il y en a une, ce qui est plutôt rare). Avec ces gains, il n’y a certes pas de quoi faire bombance; mais on peut vivre, étant entendu qu’on ne paie pratiquement pas d’impôt, que l’assurance maladie est largement subsidiée et le logement souvent subventionné.

Le groupe le plus représenté dans les 21 100 ménages pauvres est celui des familles monoparentales, surtout s’il s’agit d’une mère célibataire avec deux ou trois enfants. On ne s’en étonne pas. De tout temps, la charité publique s’est adressée en priorité à la veuve et à l’orphelin; aujourd’hui c’est la femme sans mari et l’enfant dont le père s’est évaporé: rien ne change, sauf la cause de l’absence de l’homme.

L’analyse plus fine du phénomène montre deux choses relativement satisfaisantes. D’une part, le taux de pauvreté est assez stable au fil du temps, oscillant entre 5% et 5,6% depuis 2012. D’autre part, la plupart des gens s’en sortent: pour 40% d’entre eux, la situation de pauvreté ne dure pas plus d’un an, et pas plus de deux ans pour 56%. La pauvreté ininterrompue, généralement celle de retraités assez proches du seuil, ne concernerait que 6% des pauvres, c’est à dire 0,32% de la population.

Ces chiffres n’enlèvent rien à la dureté de la vie des personnes frappées par la misère. Mais, d’un point de vue politique, vu qu’il y aura toujours une frange de démunis, ils montrent que l’économie vaudoise nourrit son monde et que le «filet social» est déployé.

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