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Que reste-t-il de Charles Clément?

Yves Guignard
La Nation n° 2200 6 mai 2022

Une carrière artistique, c’est un arc, une hyperbole, cela produit des grandes choses et cela retombe, généralement avec la mort; s’ensuit l’oubli, dont l’artiste peut être tiré, ou pas. Certains de nos importants artistes vaudois du XXe siècle ont bien vécu de leur peinture, ils ont connu la reconnaissance de leur vivant. Et s’ils ne vendaient pas forcément leur peinture comme des petits pains, au moins des grandes et régulières commandes publiques leur permettaient de vivre décemment de leur art.

C’est le cas de Charles Clément (1889-1972), de Rolle, qui a laissé d’importantes traces dans l’espace public notamment sous la forme de vitraux à la cathédrale de Lausanne (mais aussi à Arnex, Coppet, Vallorbe, Ballaigues, Moudon, etc.) et de deux fresques à l’Hôtel de Ville de Lausanne. C’est justement ce dernier lieu qui accueille, dès le 4 mai et pour seulement trois semaines, une exposition-hommage dédiée à l’artiste afin de commémorer les 50 ans de sa disparition.

Clément a cette particularité d’avoir été formé d’abord en Allemagne, à Düsseldorf, avant de faire un passage obligé par Paris autour de 1911, ensuite de quoi il revient en Suisse. Il a eu une passion pour Marseille qu’il a beaucoup peint. Il s’est illustré aussi par le livre avec de nombreux ouvrages pour bibliophiles qui comportent ses illustrations, et des textes d’auteurs aussi prestigieux que Paul Budry, Blaise Cendrars ou André Malraux. Lui-même a écrit plusieurs livres de souvenirs. Il est aussi patriarche d’une dynastie d’artistes de valeur à travers sa fille Marie-Hélène Fehr-Clément (1918-2012) et son petit-fils Marc-Antoine Fehr (né en 1953).

Lorsqu’il meurt en 1972, c’est au Musée cantonal des Beaux-Arts l’année suivante que se déroule sa rétrospective. Cela montre bien l’envergure de cette carrière, ce qui le met sur un même plan que Bosshard son contemporain, qui avait eu cet honneur à son décès également, dix ans auparavant (à propos de ce dernier, nous parlerons bientôt de l’exposition que lui consacre actuellement l’Atelier De Grandi à Corsier-sur-Vevey, elle court jusqu’en octobre).

Depuis lors pour Clément? Presque rien. Deux importantes publications, certes, en 1989 et 1990 qui permettent de faire le tour de l’artiste – c’est déjà considérable – et un site internet.

Juste avant la pandémie, une plaque commémorative a été posée à Lausanne, rue Cité-Derrière 12, derrière la cathédrale, proche du Lapin-Vert. Est-ce le début d’une réhabilitation en bonne et due forme? C’est en tout cas un début de quelque chose à encourager et cela passe par une visite de l’exposition au forum de l’Hôtel de Ville.

Référence:

Charles Clément, « Entre ville et campagne»; du lundi au samedi, de 11h à 19h, jusqu’au 21 mai. Entrée libre.

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