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A la chasse aux fake news

Frédéric Monnier
La Nation n° 2203 17 juin 2022

C’est le titre d’un bref article paru dans le journal Coopération du 26 avril dernier. On y reprend quelques conseils donnés par Pro Juventute aux parents, pour aider leur enfant à distinguer le vrai du faux dans le flot d’informations diffusé par les réseaux sociaux sur lesquels les adolescents sont particulièrement actifs.

Le premier conseil est de lui expliquer que «tout ce qu’il voit ou entend sur le web n’est pas forcément vrai», ce qui n’est pas… forcément faux! Ensuite, il s’agit de «rechercher ensemble des fake news»; cela signifie donc que les parents et l’enfant savent déjà plus ou moins que telle ou telle information est considérée comme une fausse nouvelle, mais passons!

Le conseil suivant est de vérifier la source de chaque information en cherchant à s’informer sur l’auteur de la vidéo ou de l’article en question. Rien à redire à cela. En revanche, l’étape suivante nous laisse très dubitatif: si «le fait véhiculé […] est aussi rapporté par d’autres médias considérés comme “sérieux”, vous pouvez lui [à votre enfant] dire qu’il y a de grandes chances qu’il soit véridique». D’abord, il faudrait définir ce qu’est un «média sérieux», qui a toutes les chances d’être l’organe qui dit ce que vous pensez, éternel dilemme de l’œuf et de la poule; ensuite, si une information est reprise telle quelle par plusieurs médias, c’est peut-être simplement que beaucoup de «médias sérieux» reprennent des informations d’agences de presse sans en vérifier la source ou s’interroger sur leur pertinence ou leur degré de véracité.

Le dernier conseil est d’apprendre à l’enfant «à utiliser des outils qui l’aideront à vérifier des infos. Le Décodex du journal Le Monde en est un». Or on sait bien que cet outil développé par un journal «sérieux» plutôt de gauche ne brille pas par son objectivité.

Qu’on nous permette deux conseils. Premièrement, et surtout sur des sujets sensibles (pandémie, changement climatique, conflit en Ukraine, etc.), il est judicieux de diversifier les sources d’information (même et surtout contradictoires), puis de comparer, d’analyser la manière de présenter le sujet… et de faire preuve d’un peu de jugeote pour en retirer ce qui nous paraît plus ou moins vrai ou vraisemblable, tout en étant conscient que chacun de nous n’est pas à l’abri de préjugés et de partis pris et que, en fin de compte, il n’est pas toujours possible de dégager une vérité certaine.

Deuxièmement, nous ne saurions trop inciter les parents (ainsi que nos lecteurs!) à lire l’ouvrage de Jacques Baud, Gouverner par les fakes news (Editions Max Milo, 2020); ils y apprendraient entre autres que la même information diffusée par un grand nombre de médias n’a pas forcément «de grandes chances» d’être «véridique», que les plus grands émetteurs d’infox sont les Etats eux-mêmes, infox trop souvent reprises sans esprit critique par les médias. Pour conclure, laissons la parole à M. Baud dans son avant-propos: «En fait, notre perception des événements est très partielle, et donc partiale. Nous croyons avoir une information objective et complète, mais ce n’est pas le cas: de légères omissions, simplifications et autres distorsions modifient de manière subtile notre façon de comprendre le monde. […] Ce que nous tenons pour des certitudes n’est qu’un trompe-l’œil souvent grossier: les rapports officiels et la presse internationale démontrent que l’information est là, disponible, à condition que l’on se donne la peine de la chercher.» Mais cela demande du temps, parfois même beaucoup de temps, et trop de journalistes ne veulent ou ne peuvent plus le prendre, hélas.

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