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La Barre est rigide

Jean-François Cavin
La Nation n° 2211 7 octobre 2022

Chacun connaît la caricature d’un règlement d’entreprise qui commence ainsi:

Article premier. Le chef a raison.

Article 2. Le chef a toujours raison.

Chez nous, en matière scolaire, il en va de même: le Département a toujours raison. Cette maxime séculaire a trouvé récemment une nouvelle application dans un cas narré par 24 heures et qui n’est pas sans nous toucher.

Un enfant souffre de multiples troubles dysfonctionnels (dyslexie, dyspraxie, dysorthographie), mais il est à haut potentiel dans certains domaines, tout en accumulant les retards dans d’autres matières. Il a bénéficié de nombreux appuis éducatifs et thérapeutiques, mais sans succès. L’idéal serait qu’il appartienne à deux classes de niveaux différents selon qu’il s’agit de branches scientifiques ou linguistiques, mais cela pose des problèmes logistiques insurmontables. Finalement, il a été placé dans une classe d’enseignement spécialisé, mais il y est en total décalage avec les autres élèves, notamment parce qu’il excelle dans les disciplines scientifiques, et se fait rejeter par ses camarades. Sa psychologue certifie qu’il ne peut pas y rester sans risque.

Les parents entendent parler d’une école privée qui accueille ce genre d’enfants; leur fils y fait un stage, qui se déroule bien. Ils demandent alors à l’école publique une attestation selon laquelle elle n’est pas en mesure de fournir une prise en charge adéquate, qui ouvrirait le droit à une déduction d’impôt pour tenir compte des frais d’écolage. Refus du Département, qui prétend – contre l’évidence – que l’école officielle offre toujours une solution; quant au maintien de prestations telles que la logopédie ou la psychomotricité, la loi l’exclut quand l’enfant fréquente une école privée.

Selon ce que rapporte le quotidien, on voit que tout a été tenté dans le cadre de l’école publique, en vain. On voit aussi que les parents, qui reconnaissent les efforts de l’enseignement officiel, ne demandent qu’une attestation, alors qu’un tel cas justifierait l’institution du bon scolaire! Le refus de l’administration pourrait s’expliquer par l’idéologie de l’école à 360°, qui nie les différences présentées comme des discriminations. L’esprit woke doublerait-il le traditionnel autoritarisme du Département?

L’enfant a commencé la nouvelle année scolaire en école privée. En même temps, un nouveau chef a pris la barre de la Barre. Le temps de la rigidité touche-t-il à sa fin?

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