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Pastiches de Robert Brasillach

Olivier DelacrétazLa page littéraire
La Nation n° 1943 15 juin 2012

M. Jean-Luc Mélanchon a fait une scène de ménage publique à Mme Marine Le Pen sous prétexte que son père avait cité un poème de Brasillach et qu’elle n’avait pas manifesté suffisamment sa désapprobation. Pas de surprise: les révolutionnaires adorent dénoncer, interdire et condamner. Nous n’en avons pas moins, ou plus exactement nous n’en avons que plus apprécié la lecture d’un recueil inédit de pastiches de Robert Brasillach intitulé Comment écrit… Présidée par M. Philippe Junod, l’Association des Amis de Robert Brasillach a consacré son cinquantième Cahier1 à cette édition, établie d’après les manuscrits originaux par MM. Alexis Chevalier et Frédéric Sabattier. Le manuscrit de chaque poème est reproduit en fac-similé sur la page de gauche.

Le recueil, achevé en 1925, est dédicacé à la mémoire de Charles Muller, mort à la guerre en 1914, et à Paul Reboux, maîtres du pastiche, créateurs impérissables de Papaoutemari, de Chum-Chum et Sélika ou d’Ivan Labibine Ossouzoff.

Comme tout bon pasticheur, le jeune Brasillach ne se contente pas de reprendre les tics des auteurs qu’il double. Il leur manifeste aussi, implicitement, son admiration, sa connivence, sa dérision. Trente et un poètes, plus quelques poètes nippons, dont Lou-Phôc et Fû-lkhan, sont ainsi ressaisis tels qu’en eux-mêmes.

Selon les auteurs pastichés, le texte sera d’une délicatesse impalpable, comme le sonnet de Gertrude, d’Albert Samain, d’une platitude triomphante, François Coppée, ou d’une trivialité de potache en proie à ses pulsions, comme la scène inédite de Polyeucte («Si le désir s’accroît quand l’effet se recule…»), le tout accompagné de force notes de bas de page, les unes de l’éditeur, savantes, les autres de l’auteur, aussi solennellement inutiles que celles de M. Libellule, professeur de troisième classe au lycée de Romorantin, colligeant, annotant et interpolant le premier acte de Cléopastre («C’est lui tout juste! – Auguste…»), pièce de Muller, Racine et Reboux.

On admirera encore la vacuité pompeuse et impersonnelle de Leconte de Lisle, la truculence de Villon et de sa Bal(l)ade des Poulhes d’antang, la gaillardise de La Fontaine dans son conte Le Talion, les extravagances de Hugo («Je suis la Limace qui rampe et croasse comme le corbeau») et les rimes richissimes de Théodore de Banville («les vers que lima Laya»).

A déguster à petites gorgées.

1 L’ouvrage peut être commandé au siège de l’association, Case postale 3763, 1211 Genève 3, au prix de Fr 25.– plus frais de port.

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