Mettre le français au goût du jour

Nous avons réservé à nos lecteurs pour ce temps de vacances ce texte intemporel plein de saveur paru dans La Liberté du 12 juin sous la plume de M. Pascal Bertschy et intitulé: «la dangerosité du bon français»:

[…] J’ai mes espions et sais bien que parmi vous, certains continuent à user du bon français. Or, combien de fois devrai-je vous le répéter? Ce qu’il faut pour gagner en crédibilité et en visibilité, c’est parler en français d’aujourd’hui. Adopter le langage officiel des publicitaires, des journalistes, des politiques et des humanitaires, tel est le challenge! […] Pourquoi s’exprimer de façon claire, concrète et précise quand on peut s’exprimer de manière technique, abstraite et pédante, hein? […]

Ne plus dire bonjour, mais hello.

Ne plus dire original, singulier, voire pittoresque, mais atypique.

Ne plus dire difficile ou compliqué, dire plutôt: c’est pas évident.

Ne plus dire sûr, ou rassurant, mais fiable ou sécure.

Ne soyez pas sérieux dans votre travail, mais crédible. […]

Ne saisissez pas des occasions, mais des opportunités.

N’ayez surtout pas d’idées, contentez-vous de trouver un concept. Quitte ensuite à l’initier…

Votre voisine n’est pas mûre pour son âge, elle est mature.

Ne pas vouloir améliorer ceci ou cela, mais optimiser ceci ou cela.

Ne pas dire danger, ce serait là aussi trop simple, mais dangerosité.

Ne parlez pas de possibilité ou de réalisation, mais de faisabilité.

N’abordez pas un sujet, mais uniquement une thématique. […]

Nous souhaitons à nos lecteurs de profiter des vacances, non pour se mettre au nouveau français, mais pour le dépister avec diligence et l’exorciser.