Identification
Veuillez vous identifier

Mot de passe oublié?
Rechercher


Recherche avancée

Travail nocturne dans les stations-services: oui à la modification de la loi sur le travail

Pierre-Gabriel Bieri
La Nation n° 1974 23 août 2013

Nous sommes appelés à voter le 22 septembre sur une modification de la loi fédérale sur le travail, en vertu de laquelle les magasins des stations-service «situés sur les aires des autoroutes ou le long d’axes de circulation importants» seront désormais autorisés à employer du personnel pendant la nuit.

Pour apprécier l’importance du changement, il faut savoir que cette possibilité existe déjà à l’heure actuelle, mais uniquement pour la vente de carburant et les prestations de restauration. Les stations-service ouvertes entre 1h. et 5h. du matin – là où la législation cantonale ou communale sur les heures d’ouverture le permet – doivent donc fermer une partie du magasin, même si des employés restent présents pour vendre de l’essence et des produits de cafétéria. La révision proposée supprimerait cette distinction un peu boiteuse: les «shops» qui resteront ouverts durant la nuit pourront le faire dans les mêmes conditions que pendant la journée. Il est certes possible que cela entraîne ici ou là une augmentation de l’activité commerciale et donc du nombre d’employés appelés à travailler de nuit, mais cette augmentation restera vraisemblablement modeste.

On peine à voir dans le commerce nocturne une évolution indispensable ou un élan décisif pour notre économie ou pour le bien-être des citoyens. On peut en revanche être sensible à l’intérêt de simplifier des contraintes inutilement compliquées. Surtout, on doit constater qu’il n’y a pas de motif fondamental pour s’y opposer.

Sur le plan juridique, la révision n’accorde en effet pas de nouvelle compétence à la Confédération; les éléments modifiés relèvent de la protection des travailleurs, qui est déjà du ressort de la législation fédérale. La compétence des cantons (ou des communes dans les cantons qui la leur délèguent) en matière d’heures d’ouverture ne sera pas touchée et seuls les magasins autorisés à rester ouverts pendant la nuit pourront donc bénéficier de l’allègement de la législation fédérale en matière d’emploi des travailleurs.

Sur le plan du fonctionnement général de la société, on est en droit de ne pas apprécier le jusqu’au-boutisme ultralibéral qui se moque des rythmes de vie traditionnels et revendique la liberté absolue d’acheter n’importe quoi à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, chaque jour de la semaine (surtout le dimanche) et à n’importe quelle saison. On aimerait voir ces esprits libertaires s’engager avec autant d’énergie pour le maintien de la liberté de pensée et d’expression… Cela étant, et même s’il faut toujours se méfier de la «tactique du salami», on doit admettre que la modification soumise au vote populaire du 22 septembre apparaît moins comme une expansion de la frénésie consumériste que comme la simplification d’une réglementation fédérale tatillonne et inutilement restrictive: si un commerce est autorisé à ouvrir par un canton, il ne doit pas être empêché de travailler par la Confédération.

Nous voterons OUI sans états d’âme.

Vous avez de la chance, cet article est en accès public. Mais La Nation a besoin d'abonnés, n'hésitez pas à remplir le formulaire ci-dessous.
*


 
  *        
*
*
*
*
*
*
* champs obligatoires
Au sommaire de cette même édition de La Nation: