«Allô, les indignés?»
[…] Sortes de rebelles de confort qui campent sous tentes, dans de douillets sacs de couchage, avec des iPads et des smartphones, ils consultent sur la vaste Toile (c’est la ville qui paie une connexion quasi gratuite) l’opinion des alter-indignés qui leur répondent illico depuis l’autre bout du continent. Ils s’indignent d’une société qui a dépassé les bornes en matière d’injustice. Ils n’ont pas tort sur le constat […].
Après avoir relevé que jusqu’à présent les «indignés» n’ont rien obtenu ni rien changé, l’auteur continue:
[…] Qu’à cela ne tienne, disent-ils, le positif dans tout ça, c’est le lien qui s’est créé entre nous, le côté festif de la chose! […] En fait ce n’est pas une vraie révolte, un signe de rupture, une exemplaire confrontation. Non, c’est pour rire, pour faire semblant, bref, pour faire la fête, pour se désennuyer un peu. On n’a pas voulu mettre en place un véritable désaccord, une vraie fracture qui requerrait de la part de leurs auteurs des actions, des responsabilités… en somme des risques. […] Mais nos indignés de confort sont incapables de se dissocier de ce monde: ils font la fête dans une société qui a fait de la fête son principal projet. Et durant ces journées d’indignation, personne ne disposant de la distance nécessaire pour rire un peu, on a donc festoyé, tout en construisant ensemble l’effroi moutonnier du grand frisson de faire semblant de se révolter pour de vrai. C’est le vaudeville des impostures contemporaines qui se joue dans nos parcs.
Ce diagnostic ne manque pas de pertinence. Mais il faut quand même constater que tous ces gens ne croient plus à la représentation du peuple à travers la démocratie parlementaire. Ils ne sont pas les seuls; même si nous n’irons pas camper à Sauvabelin ou à la place de Milan.
Au sommaire de cette même édition de La Nation:
- La Grèce nous avertit – Editorial, Olivier Delacrétaz
- On nous écrit à propos d’un impôt fédéral sur les successions – On nous écrit, J.-F. Baudraz
- Le crime de la Cité – Jean-François Cavin
- Un petit garçon si mignon – Alexandre Bonnard
- Un peintre vaudois à l’honneur au Château de Morges – Claire-Marie Lomenech
- Les Verts, la gauche, la droite – Jean-François Cavin
- On déchante – Revue de presse, Ernest Jomini
- Perseverare diabolicum – Revue de presse, Philippe Ramelet
- Les bornes de la félicité (Les Marches du Pays) – Jacques Perrin
- Juvenilia CV – Jean-Blaise Rochat
- Semper Fidelis 1971-2011 – Antoine Rochat
- Place de la Mobilité Douce – Le Coin du Ronchon