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L’orchestre philharmonique de Genève

Daniel Laufer
La Nation n° 1969 14 juin 2013

Il est connu sous le nom d’OSR, c’est-à-dire l’Orchestre de la Suisse romande, fondé par Ernest Ansermet en 1918, et qui, par la persévérance extraordinaire et le génie de son chef, est devenu une formation mondialement connue. On n’a peut-être pas conscience ici de ce que cela représente. On va aux concerts de l’OSR parce qu’on est abonné depuis longtemps, on a pris le pli, on va le jeudi au Palais de Beaulieu par habitude, s’étant ou ne s’étant pas préparé par la lecture des textes, souvent remarquables, par lesquels Richard Cole nous introduit au programme de la soirée. Et pourtant! On ne dira jamais assez tout ce que l’on doit à Ernest Ansermet: combien de villes, de la taille des nôtres, peuvent s’enorgueillir d’abord de pouvoir écouter des chefs-d’œuvre déjà connus, renouvelés dans leur style par les grands chefs qui se sont succédé à la tête de l’OSR, et de pouvoir, mieux encore, découvrir des musiques nouvelles ou rarement jouées, comme ce fut le cas lors de la saison qui vient de se terminer. C’est véritablement une chance exceptionnelle. A qui la doit-on?

Ansermet, nom bien vaudois, a trouvé à Genève, et non pas dans son Pays de Vaud, l’appui nécessaire à la constitution de l’orchestre: soixante-deux musiciens à ses débuts, lors de sa collaboration inespérée avec les Ballets Russes de Serge de Diaghilev, aujourd’hui cent treize musiciens permanents. C’est avec ces soixante-deux artistes que l’OSR a inauguré les concerts donnés à Lausanne et dans d’autres villes de Suisse romande. Mais ce sont les Genevois, la société genevoise, la République et Canton de Genève, la Ville de Genève, puis la Société suisse de radiodiffusion, qui ont assuré la constitution et la carrière d’une phalange qui devait devenir célèbre.

Sous la direction tout d’abord de chefs invités (Marek Janowski qui fut le patron de l’orchestre pendant plusieurs saisons, Kasuki Yamada, Charles Dutoit, Semyon Bychkov) puis du grand patron estonien Neeme Järvi, une sorte de magicien du nord, l’Orchestre de la Suisse romande a donné huit concerts à Lausanne cet hiver, offrant un répertoire extrêmement réjouissant, nouveau, adroitement combiné avec des œuvres du répertoire traditionnel. On aimerait citer au moins la quatrième symphonie de Chostakovitch, le concerto pour violon de James MacMillam, le concertino pour trompette, cordes et piano d’André Jolivet, sans oublier bien sûr la création du concerto pour deux pianos de Richard Dubugnon. Mais il serait injuste de ne pas accorder une mention cum laude au dernier concert de la saison, entièrement consacré à Rachmaninov, dont le prodigieux pianiste Alexander Gavryluk avait interprété le troisième concerto au concert précédent, avec en tête d’affiche le quatrième concerto et l’injouable (sauf pour Gavryluk) Rapsodie sur un thème de Paganini.

Huit concerts pour toute une saison, c’est beaucoup trop peu. On se prend à rêver qu’une entente entre la Fondation de l’OSR, la Ville et l’État de Genève, la Ville de Lausanne et l’État de Vaud, et l’Association – très vivante – des amis vaudois de l’OSR, puissent mettre sur pied une saison d’au moins dix concerts. Pour 2015, 2016? En attendant on ne peut que se réjouir de la prochaine saison: programme chatoyant, grands chefs, grandes œuvres, grandes nouveautés.

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