Propos non-conformistes

M. Philippe Le Bé («Vivre ensemble un passage obligé au Forum des 100», L’Hebdo du 30 mai) nous donne un compte-rendu de ce grand rassemblement, à l’Université de Lausanne, de tous ceux qui sont considérés comme l’élite politique et intellectuelle de Suisse romande.

Parmi tous les discours tenus à cette occasion, nous avons retenu l’un d’eux qui tranche par son anticonformisme, celui de l’économiste français Jacques Sapir:

[…] «Il n’y a pas de peuple européen», déclare-t-il sans ambages. Le raisonnement de celui qui dirige à Paris le Centre d’études des modes d’industrialisation est limpide: le fédéralisme implique la constitution d’un espace démocratique fédéral qui n’existe pas dans l’UE. Il suppose par ailleurs que les pays concernés acceptent des transferts de ressources très importants, ce qu’ils refusent. Donc le fédéralisme est un leurre et on en revient au régime de l’Europe des nations. Pis, «l’idéologie fédérale qui continue malgré tout à fonctionner au niveau européen devient aujourd’hui un obstacle au développement d’une coopération réellement internationale». Bref, tant qu’à faire, mieux vaudrait que la France sorte de l’euro. L’auditoire du Forum des 100 ne semble pas vraiment convaincu. […]

La dernière phrase est particulièrement intéressante. Notre nomenklatura- intelligentsia romande est en fait imbibée de l’idéologie de l’UE. Sans oser trop le dire: ce ne serait pas bon pour les élections. Mais tel de nos parlementaires romands ne rêve-t-il pas de pouvoir siéger un jour à Strasbourg? Certains de nos hauts fonctionnaires ne seraient-ils pas bien aise de se caser dans l’administration de Bruxelles?