Retour de Machiavel

Surprenant: c’est L’Hebdo du 3 janvier qui fait figurer sur sa couverture, au-dessus du portrait de quelques politiciens actuels, cette phrase lapidaire: «Machiavel, reviens, ils sont devenus fous!» Plusieurs pages de ce numéro sont ainsi consacrées au célèbre Florentin du XVI^e siècle. De l’éditorial de Mme Chantal Tauxe («Machiavel et la bonne gouvernance»), nous retenons ces lignes:

[…] Dans les pages du Prince qu’il commença à noircir en 1513, Nicolas Machiavel en a illustré l’exigence: qu’est-ce qu’une bonne gouvernance, comment doivent se comporter les dirigeants, quelles sont les finalités du pouvoir?

Depuis, chaque époque a relu Le Prince, cherchant thèses ou antithèses à ses nécessités. […] Que nous dit Machiavel d’utile pour le XXI^e siècle? Pas seulement que la fin justifie les moyens, pas seulement que la ruse peut être une arme légitime, mais que l’intérêt général est prépondérant. Qu’importe la manière, si l’on obtient un résultat bénéfique pour la communauté. C’est la tâche du décideur d’assumer cette part d’ombre, de se salir les mains. Un dirigeant n’a pas à être aimé, il doit être efficace.

Sacré message pour les élus qui redoutent comme la peste de voir leur cote de popularité chuter dans les sondages.

[…] Le «Prince» de Machiavel échappe aux contraintes de l’élection et, fort de sa légitimité, peut poursuivre la recherche de l’intérêt général, même si sa politique est impopulaire. L’élu de nos démocraties modernes, lui, est contraint de penser toujours en premier à se réélection et au succès électoral de son parti. Car si on perd les élections, on n’est plus bon à rien. C’est pourquoi nous pensons que Machiavel ne peut pas être d’un grand secours à la plupart de nos pauvres politiciens démocratiquement élus.