Grandes heures de l’histoire vaudoise - 1ère soirée
Oganisées par l’Université populaire de Lausanne et la Fondation Marcel Regamey, les deux premières conférences d’histoire vaudoise ont été présentées le 10 mars dernier dans la salle du conseil communal de Lausanne, devant un auditoire compact – les derniers venus étant assis sur les sièges de la Municipalité! La soirée était présidée par Jean-François Cavin.
Gilbert Kaenel, avec sa maîtrise absolue du sujet et son talent de vulgarisateur, a passionné le public, traitant de «Divico, premier superhéros suisse?». A partir du témoignage de Jules César (une seule ligne et deux brefs discours recomposés par César, Guerre des Gaules, I, 13-14), mais aussi de l’imagerie développée autour du chef helvète, Kaenel a présenté tout ce qu’on sait autour des deux dates attestées par le personnage de Divico, 107 avant J.-C. et les razzias des Cimbres dans la région d’Agen, où les Romains ont été vaincus par les tribus germaniques et helvètes coalisées, vrai traumatisme pour Rome, et 58, année où les Helvètes décident de quitter le Plateau suisse pour émigrer précisément dans ce sud-ouest dont les plus âgés avaient peut-être encore quelques souvenirs. A ces témoignages littéraires s’ajoutent les données de l’archéologie, qui ne concordent pas nécessairement avec les faits historiques, mais permettent d’éclairer avec assez de précision cette période, avant que les Helvètes, revenus dans leur territoire, se romanisent en quelques générations, dès le Ier siècle après J.-C.
Le second exposé a été présenté par Justin Favrod, spécialiste du haut Moyen Age et particulièrement des Burgondes, sous le titre «Marius, fossoyeur d’Avenches et promoteur de Lausanne». Si les premiers évêques de l’actuel Plateau suisse avaient leur siège à Windisch (Vindonissa, près de Brugg), puis à Avenches, capitale de la Cité des Helvètes, c’est Marius, saint Maire, qui a transféré ce siège à Lausanne, faisant par là même de cette ville une future capitale, à l’instar des autres sièges épiscopaux du Moyen Age que sont Genève, Bâle, Sion et Coire. De tels déplacements d’évêchés sont rarissimes; celui qui nous touche directement est probablement dû à la création d’un «évêché des Alamans», peuple encore à convertir, à Constance. Dès lors, il fallait trouver comme siège une ville fortifiée, et la cour épiscopale s’installa à la Cité, alors que le vicus de Lousonna se trouvait à Vidy, au bord du lac. Marius était un riche propriétaire foncier, né à Autun et mort à Lausanne le 31 décembre 593 – preuve en soit le lieu de sa tombe dans l’église Saint-Thyrse, qui se trouvait à l’actuelle place du Château; cet édifice porte précisément son nom, bien que construit huit siècles plus tard. Nous possédons la Chronique de Marius d’Avenches, que Favrod a éditée et traduite, avec une bonne introduction, en 1991. L’an dernier, cet «entrepreneur» fondait la revue Passé simple.
La prochaine soirée aura lieu le 14 avril.
Au sommaire de cette même édition de La Nation:
- La presse est une pièce du jeu politique – Editorial, Olivier Delacrétaz
- RIE III: on nous écrit – On nous écrit, Rédaction
- Idéal ou évidence? Il faut choisir – Jacques Perrin
- Eglise et Etat du Valais, bons camarades d’école – Xavier Panchaud
- Stratégies, lignes d’action et mesures - 4e adaptation du Plan directeur cantonal – Jean-Michel Henny
- Les joies annexes de la météo – Jean-François Cavin
- A propos des «prétentions du nouveau théâtre» – Daniel Laufer
- Cynisme – Le Coin du Ronchon