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Jacques Perrin
La Nation n° 2212 21 octobre 2022

Le théâtre identitaire de Marcus Lindeen est le titre d’un article du Monde du vendredi 7 octobre.

Marcus Lindeen, auteur suédois, met en scène la Trilogie des identités au théâtre de Gennevilliers dans les Hauts-de-Seine. Il y explore l’intime. La pièce Wild Dreams est consacrée à des êtres qui se réfugient de longues heures dans des mondes imaginaires, au détriment de leur vie réelle. Orlando et Mikaël présente deux hommes qui, après avoir choisi de devenir femmes, redeviennent des hommes. Dans l’Aventure invisible, Lindeen confronte le premier homme à avoir subi une greffe de visage intégrale, une scientifique victime d’un AVC et une plasticienne experte en masques.

Vous voyez le genre…

Ou plutôt vous ne voyez plus ni genres, ni sexes masculin ou féminin, notions obsolètes.

Marcus Lindeen, 42 ans, l’air d’un adolescent, aime les identités qui se brouillent ou plutôt se floutent, comme estompées imperceptiblement, à commencer par la sienne […] il déjoue toutes les tentatives de définitions. Orlando et Mikaël, les deux «hommes», sont interprétés l’un par une femme transsexuelle, l’autre par une femme queer.

Répondant à la journaliste du Monde, Marcus résume: La trilogie s’inscrit contre cette idée de l’identité comme quelque chose de fixe […] J’ai envie de suggérer un chemin plus flou, plus sensible, avec plus d’options […] Est–il possible d’imaginer un monde où il ne serait pas tabou de regretter ses choix identitaires […] qui permette une plus grande complexité, où les choix ne se résument plus à une chose ou à une autre, mais à quelque chose entre les deux? Un monde où nous serions autorisés à faire notre coming out (révéler au public son orientation sexuelle, réd.) pas seulement une fois, mais plusieurs fois?

Marcus Lindeen lui-même ne s’est jamais complètement senti chez lui dans une seule identité, fût-ce celle d’homosexuel, de journaliste, d’artiste, de Suédois.

Des jeunes gens d’aujourd’hui, chouchous des médias, pensent comme Marcus Lindeen. Ils veulent s’autocréer avec l’aide de la science et de la technique, revendiquant une liberté absolue, d’où le rejet des identités, des limites, des frontières, des définitions, du bien dessiné, du solide et du durable. Ils aimeraient changer le monde: un autre monde est possible, ou deux, ou trois, des infinités. A chacun ses mondes!

Mark Zuckerberg, patron de Meta (naguère Facebook), a flairé la bonne affaire; il nous baladera dans des univers parallèles, des métavers. Il ne faut plus risquer d’être quelqu’un dans la réalité. Etre quelqu’un, c’est s’enfermer dans un rôle. Une existence à peu près stable laisse une marque indélébile, elle stigmatise celui, celle ou cille (neutre en langage inclusif) qui la porte. Sur Meta, Marcus Lindeen se déconstruira et se rebâtira à souhait.

Le langage ne serait-il pas lui-même de trop? Les mots fixent les choses, dissipent parfois le flou et suspendent l’écoulement du temps. Ne faut-il pas préférer les images manipulables? La syntaxe, l’orthographe et la grammaire ne restreignent-elles pas notre liberté?

Quant à savoir si la transidentité généralisée fera aimer la vie à ses adeptes, c’est une autre affaire. La silhouette gracile de Marcus Lindeen laisse dubitatif. Il s’en sortirait en exerçant le métier d’acteur; il épouserait toutes les identités imaginables…

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