La violence de la main collée
Les activistes, climatiques ces derniers temps, qui mènent des manifestations perturbant la vie quotidienne de leurs concitoyens se réclament de la non-violence.
En réalité, ces actions, que ce soit pour interrompre le trafic aux heures de pointe, occuper un auditoire ou des bureaux, asperger une œuvre d’art, sont violentes; certes, dans un degré nettement moindre que les attentats terroristes utilisés par d’autres mouvances. Il s’agit cependant du même mécanisme d’usage purement négatif de la force: la violence ne construit pas, elle détruit, elle paralyse.
La définition de la violence est «force exercée par une personne ou un groupe de personnes pour soumettre, contraindre quelqu’un ou pour obtenir quelque chose».1 Les activistes qui se collent la main sur la route misent sur la peur ou l’exaspération du public pour se faire entendre et, espèrent-ils, obéir. Ces actions de force ne s’adressent pas à l’intelligence des citoyens, elles ne cherchent pas à les convaincre par la solidité des arguments ou à les éclairer par des démonstrations factuelles; elles cherchent à astreindre.
Ces actions violentes, si elles peuvent apparaître intrinsèquement courageuses, dénotent une faiblesse de caractère. N’est-il pas plus pénible de développer un discours argumentatif, d’organiser des rencontres, des publications, des débats pour persuader les citoyens, de prendre des postes dans les organes décisionnels de l’Etat, de se former dans les métiers nécessaires à la transition énergétique qui en ont tant besoin, plutôt que de participer à une manifestation de chantage sur les pendulaires? Ces éclats fugaces de témérité et de gloriole suivent en fait la pente du moindre effort.
Cette faiblesse est aussi du côté de la société. Selon le mot de Gustave Thibon2: «Le violent spécule sur la faiblesse des individus et de la société: aussi la violence s’étend-elle en fonction du relâchement des caractères et des mœurs.»
La seule réponse profonde à ces actions contestataires est de restaurer les vertus de la société, de renforcer la communauté nationale en soignant les forces d’unité et de solidarité en son sein pour repousser cette violence, comme un organisme sain lutte contre la maladie. Nous craignons que ni notre personnel politique, ni l’université n’en prennent le chemin.
Notes:
2 Au Secours des évidences, Mame, 2022, p. 218.
Au sommaire de cette même édition de La Nation:
- La neutralité au fil des jours – Editorial, Olivier Delacrétaz
- Retour sur l’imposition individuelle – Olivier Klunge
- Les placements et la morale – Jean-François Cavin
- La symphonie au régime minceur – Jean-Blaise Rochat
- Le Canton, institution et territoire – Pierre-Gabriel Bieri
- Comment fixe-t-on le prix de l’énergie? – Sébastien Mercier
- Aide aux médias, c’est reparti pour un tour – Benoît de Mestral
- Troupeau sédentaire et immortalité des empires – Jacques Perrin
- Ecologie et population, on nous écrit – Jérôme Christen
- Des chats et des humains – Le Coin du Ronchon