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Que chacun s’occupe de ses moutons

Benoît de Mestral
La Nation n° 2245 26 janvier 2024

Par la Constitution fédérale, les cantons délèguent la législation sur la protection des animaux (art. 80) à la Confédération. S’agissant des moutons cités en titre, celle-ci a décidé de se limiter à encourager et coordonner les mesures cantonales (art. 12 al. 5 LChP). Elle a ensuite délégué la coordination de la protection des troupeaux à l’association Agridea, qui forme et certifie depuis, tous les chiens de troupeaux. Tous? Non! Car une vallée peuplée d’irréductibles bergers se dote depuis plusieurs années de ses propres chiens, l’association mandatée par la Confédération n’arrivant pas à suivre la demande. L’été dernier, nous apprenions que le Valais mettait en place un programme test avec l’association Arcadia visant la formation (par l’intermédiaire des bergers) et la certification de chiens de troupeaux; idée que notre Canton se disait intéressé à adopter1.

C’est ainsi que la semaine dernière, la Confédération a annoncé mettre fin au mandat donné à Agridea. Elle rendrait à l’avenir la main aux cantons, avec la promesse d’un soutien financier. Un changement qui serait rendu nécessaire par la modification de la Loi fédérale sur la chasse et la pêche de décembre 2022, selon l’OFEV2. Sauf que si l’article précité est modifié, c’est pour y ajouter la prévention des dommages dus aux castors. Pas un mot sur la protection des troupeaux. Il faut en conclure que le changement est dû au choc entre la réalité et la planification centralisée bernoise. Alors que le programme fédéral suivait environ cinq cents chiens et en a certifié cette année septante-deux, le programme valaisan en a formé et certifié cent sur les deux dernières années.

Monsieur David Gerke, du Groupe Loup Suisse, pense que la précipitation de la Confédération à couper les vivres à Agridea sonne le glas de la formation de chiens de troupeaux en Suisse3; le projet test valaisan semble lui donner tort. C’est toutefois à juste titre qu’il s’inquiète de ce que la Confédération arrête le programme Agridea alors que l’Ordonnance révisée qui devrait servir de base légale au financement des programmes cantonaux n’est même pas encore en consultation. Il y aura sans doute un creux dans l’offre de chiens formés pour les cantons qui n’arrivent pas à mettre en place leur propre programme dans l’année, sans savoir sur quel financement fédéral ils pourront compter. Les conditions ne sont pas idéales, mais nous saluons tout de même ce petit pas vers plus de fédéralisme s’agissant de la protection de la nature et des animaux.

Notes:

1   La Côte, 16 juin 2023.

2   24 heures, 14 janvier 2024.

3   Ibidem.

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