De mystérieux tirs
Le roman policier occupe une belle place dans les publications actuelles. Par chez nous, les romans qui s'ancrent dans leur terroir ne sont pas non plus une espèce rare. Ceux qui laissent une place à l'humour le sont davantage, tout comme une enquête sur des tirs sans morts. C'est cet angle qu'a choisi Jacques-Etienne Bovard pour son retour à la plume avec Passé sous silence.
L'histoire commence avec des tirs passant très près de plusieurs personnes, sans les blesser. Mais ceux-ci sont effectués à très longue distance. L'inspecteur-chef Borgeau, secondé par le nouvel aspirant Morisetti, tente de percer le mystère. L'enquête plonge les deux membres de la Sûreté vaudoise dans les histoires de ce coin de pays et de ses habitants.
Le roman est très rattaché à son cadre local, dans les habitudes et personnages décrits, mais aussi dans certains thèmes traités: le loup, la Suisse durant la Seconde Guerre mondiale, ainsi que les souvenirs et débats liés, ou une organisation inspirée par la P-26. Ce dernier point est aussi une originalité du roman.
Le style est agréable, bien écrit (sauf quand cela est voulu pour caricaturer des manières de parler) et drôle à certains moments. On suit aisément le déroulement de l'enquête.
La relation entre l'inspecteur-chef et son aspirant n'a rien de très original, mais est bien traitée. Les questions générationnelles sont aussi plus largement traitées, au niveau individuel ou sociétal. Les réflexions entourant l'organisation inspirée par la P-26 auraient pu, pour leur part, être un peu plus approfondies.
Quelques doutes demeurent sur la construction de l'histoire, une fois le livre terminé. Quelles chances pour qu'une autre affaire, non liée, concerne les mêmes personnes et fasse avancer la première? Des personnes déterminées et entraînées rompraient-elles le secret qu'elles doivent protéger pour si peu?
Toutefois, malgré quelques petites réserves, le roman se lit avec plaisir.
Référence:
Jacques-Etienne Bovard, Passé sous silence, Bernard Campiche, 2024, 398 p.
Au sommaire de cette même édition de La Nation:
- Quelques acteurs de la démocratie directe – Editorial, Félicien Monnier
- L’histoire selon Bainville – Benjamin Ansermet
- Le soleil noir de Bernanos – Lars Klawonn
- Occident express 128 – David Laufer
- La signature – Olivier Delacrétaz
- Les lunettes de Bourdieu – Quentin Monnerat
- Coupes indispensables – Jean-François Cavin
- La pire des pyramides – Le Coin du Ronchon