Certains trésors, dont Steinlen

La Fondation de l’Hermitage expose une partie de la collection constituée par Oscar Ghez, présentée naguère au Petit-Palais de Genève. Cette exposition est fort intéressante.

On y voit les peintures d’artistes célèbres, un Manet, un Renoir, quatre Vallotton (dont un chef-d’œuvre, La Toilette), des Maurice Denis, plusieurs Caillebotte, des Luce, des Steinlen (nous y reviendrons). On y découvre aussi beaucoup de toiles de peintres moins connus, voire inconnus. Une partie de celles-ci aurait pu rester dans l’ombre de l’oubli, à notre avis peu compétent il est vrai. Bien d’autres, en revanche, remettent en lumière des petits maîtres trop négligés. C’est d’ailleurs un des intérêts de cette exposition que de nous faire réfléchir à la difficile question: qu’est-ce qu’une peinture de haute qualité? Qu’est-ce qui la différencie du médiocre? La justesse du trait? La plénitude et l’équilibre de la composition? L’harmonie de couleurs, dans la gradation ou le contraste? Tout cela ensemble? Ou encore ce je-ne-sais-quoi d’indicible qui est la touche d’un grand talent, voire du génie?

Oscar Ghez aimait beaucoup Steinlen, qu’il a abondamment collectionné. On admire à l’Hermitage quarante-sept créations du grand Vaudois devenu Parisien, huiles, pastels, dessins, gravures, affiches. Les chats y prennent bien sûr une belle part, du félin voluptueusement couché à la glorieuse Apothéose des chats à Montmartre. On pardonne à Steinlen sa tendance gauchisante qui inspire certains tableaux, car c’est un artiste de premier ordre. Ses affiches sont célèbres. Or dans le reste de son œuvre, il parvient à conjuguer l’effet direct du graphisme avec la subtilité du dessin et des teintes, et avec un pouvoir d’évocation très fort, une poésie très prenante. Ses amoureux dans la pénombre sont aussi adorables que ses chats.

Référence:

Trésors du Petit-Palais de Genève, jusqu’au 1^er juin 2025.