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Le retour du péril jeune

Le Coin du Ronchon
La Nation n° 2273 21 février 2025

Nous avons déjà parlé ici de M. Elon Musk et de son étonnante capacité à transformer le Bien en Mal. Nous avons montré comment sa voiture électrique, autrefois instrument de rédemption des pauvres pécheurs climatiques que nous sommes, est devenue depuis le début de cette année un objet d’opprobre sur lequel on appose honteusement un autocollant implorant le pardon des dieux, des cieux et de nos semblables (dans un ordre croissant d’importance). Mais la puissance méphistophélique du milliardaire américain ne s’arrête pas à l’écomobilité et nous assistons en ce moment à la remise en question d’une autre de nos certitudes.

Vous vous souvenez certainement de ce que nous ont répété depuis plusieurs décennies les personnes et les institutions chargées de forger notre connaissance du Bien et du Mal: les jeunes sont notre avenir, ils construisent le monde de demain, ils ont des choses à nous dire et leurs valeurs sont inspirantes. Les jeunes doivent davantage pouvoir s’exprimer, il faut leur donner plus de place dans les processus politiques et écouter les demandes qui émanent des parlements de jeunes, car leur innocence est un gage d’innovation et les visions qu’ils expriment sont plus modernes et plus fraîches que celles des vieux barbons ennuyeux qui dirigent notre monde !

Or voilà que M. Elon Musk a décidé de suivre cette voie. A peine nommé à la tête de son Ministère de l'Efficacité gouvernementale (Department Of Government Efficiency, DOGE), il a engagé une poignée de jeunes ingénieurs (bardés de diplômes) pour faire le ménage dans les vastes méandres des administrations fédérales américaines. Et ils le font sans ménagement, avec la fougue décoiffante des jeunes d’aujourd’hui. Ils ne savent pas que c’est impossible, alors ils le font ! Depuis janvier, ils ont coupé, tranché, taillé, et d’innombrables fonctionnaires sont partis.

Dans les médias du Vieux Continent, c’est la consternation. On découvre que les jeunes ne correspondent plus à l’image que s’en faisaient les vieux barbons (assis sur la route avec des pancartes mal écrites, rêvant d’obtenir plus tard un poste pépère dans une administration). Alors on rétropédale, on vire de bord, on relègue le jeunisme au rang des vieilles lunes. On parle d’Elon Musk et de sa «bande de jeunes», en s’alarmant du passé trouble et des fréquentations douteuses de certains d’entre eux (oubliez la bienveillante expression «erreurs de jeunesse»). Surtout, on souligne que ces geeks n’ont «aucune expérience dans l’administration». Comment ces freluquets même pas secs derrière les oreilles et qui ne connaissent rien de la vraie vie pourraient-ils proposer quelque chose d’acceptable? A des postes importants, innocence rime avec inconscience.

Le 12 mars prochain, les Chambres fédérales éliront un nouveau conseiller fédéral. Deux candidats sont en lice, un Saint-Gallois de 57 ans et un Zougois de 61 ans. Pour une fois, peut-être, nous échapperons aux jérémiades médiatiques sur l’absence de jeunes talents.

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