Identification
Veuillez vous identifier

Mot de passe oublié?
Rechercher


Recherche avancée

Les années septante vues par Vialatte (6)

Alexandre Vialatte
La Nation n° 1952 19 octobre 2012

[…] Mais qui sait encore lire? Je propose, à tout hasard, pour réformer l’enseignement, puisqu’on dresse un «constat d’échec» de toutes les réformes nouvelles (ce qui signifie, après tout, que les anciennes méthodes valaient mieux), et puisqu’on veut prolonger aujourd’hui l’enseignement primaire jusqu’à l’âge où, naguère, on était bachelier, d’introduire l’étude du latin dans les programmes des classes primaires; de compliquer la règle du jeu au lieu de vouloir la simplifier. En deux ans les enfants ne sauraient pas le latin, mais ils auraient appris le français, et on ne verrait plus d’ingénieurs, d’entrepreneurs de publicité, de faux savants et de nouveaux riches de la culture user du charabia de prestige qui déconcerte les naïfs et éblouit les ahuris. Ils écriraient une langue à la portée de tout le monde. Encore faudrait- il que leurs maîtres ne fussent plus les premières victimes des charlatans de la pédagogie. Civiliser consiste à compliquer, et on ne parvient à la simplicité qu’au-delà de la complication. […]

Alexandre Vialatte, chronique 896 du 28 mars 1971, in Chroniques de la Montagne (volume 2), Paris, Robert Laffont, 2000.

Vous avez de la chance, cet article est en accès public. Mais La Nation a besoin d'abonnés, n'hésitez pas à remplir le formulaire ci-dessous.
*


 
  *        
*
*
*
*
*
*
* champs obligatoires
Au sommaire de cette même édition de La Nation: