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Le BPA, c’est zéro

Jean-François Cavin
La Nation n° 1938 6 avril 2012

Le Bureau de prévention des accidents (BPA) veut me persuader que j’ai de la chance. Sur le chemin que j’emprunte chaque jour, il l’a placardé trois fois: «Par chance, ils m’ont caché les clés»; «Par chance, ma copine a appelé un taxi»; «Par chance, le barman m’en a empêché».

De la chance? Ça se discute. Des commensaux qui me piquent mon trousseau, c’est quand même une atteinte à la sphère personnelle. Ma copine? Elle a peut-être cru bien faire, mais le taxi, c’est moi qui ai dû le payer. Quant à ce barman, il peut se sentir heureux que je ne m’appelle pas Mark Mu?ller; car il aurait senti ce qu’est une empoignade virile.

D’ailleurs, qu’est-ce qui leur a pris, à tous ces bien-pensants, de me materner de la sorte? J’avais à peine bu deux verres de Coup de l’Etrier, et rafoncé le second qui est devenu le deuxième: avec ce léger bagage, je n’atteins pas 0,5 pour mille, croyez-en ma longue expérience. Alors, pourquoi cette incommodante tutelle?

J’ai compris sur le chemin du retour: ils avaient lu, et trop bien lu, les affiches du BPA, qui ne se bornent pas à réciter des slogans, mais proclament en gros caractères: «0/00». Hé oui! le législateur a fixé 0,5 pour mille, mais les ayatollahs du BPA ne tolèrent pas une goutte de vin. Au nom de quoi se jugent-ils supérieurs à l’autorité légale? Au nom de quoi veulent-ils me priver de quelques gorgées de chasselas à l’heure de l’apéro? Au nom de quoi conspirent-ils pour provoquer la ruine de nos vignerons?

Et comment le BPA finance-t-il cette insane campagne? Avec les suppléments obligatoires aux primes des assurances obligatoires que je paie chaque année. C’est moi qui lui offre les moyens de me morigéner indûment. De l’automutilation, en somme. Quoi qu’en dise le BPA, je n’ai pas de chance.

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