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PDC vaudois: l’attrait du pouvoir divise hommes et Pays

Félicien Monnier
La Nation n° 1996 27 juin 2014

Bien que la chronique électorale colle mal aux pages de ce journal, observons le vaudeville politique que nous joue le PDC vaudois depuis quelques semaines. Il donne une image bien peu flatteuse du régime des partis dans son entier. Car n’allons pas croire que le PDC est plus en cause qu’une autre faction.

M. Jacques Neirynck (82 ans), en vieil ogre de la politique suisse – pour paraphraser L’Hebdo –, n’en fait qu’à sa tête. Son parti a établi une stratégie assez simple. Il doit démissionner avant la fin de la législature du Conseil national, afin de laisser la place à M. Claude Béglé (65 ans), premier des viennent-ensuite, co-président du PDC vaudois. Une fois Béglé en place au National, l’assemblée générale du parti doit sacrer Neirynck candidat aux Etats pour 2015.

Le vaudeville commence en tragédie. En réalité, la vieille figure tutélaire du PDC est mise à la porte. Il s’agit de mettre le maximum de chances du côté de Claude Béglé, attendant depuis trop longtemps de pouvoir jouer un rôle politique. Le PDC n’est pas aveugle. Il sait que l’élection de Neirynck aux Etats n’est de loin pas assurée. Les sièges vaudois y sont roses-verts et partis pour le rester. Le Canton n’en est certes pas mieux représenté, mais l’inutilité fédéraliste du Conseil des Etats est une autre histoire.

Or, Jacques Neirynck rechigne à quitter son siège et à se conformer aux directives de son parti. Ce dernier lui adresse donc un ultimatum début juin: soit il démissionne dans le mois, soit il perd sa candidature aux Etats. Jacques Neirynck semble avoir décidé de démissionner. Mais rien n’est encore certain à ce propos.

De toute manière, du côté du PDC, c’est trop tard. Le divorce est consommé. Neirynck a traité le PDC de «stalinien» et s’est dit insulté par son parti. Jeudi 12 juin, le PDC vaudois a donc décidé de lancer Béglé dans une double course au National et aux Etats. De son côté, Jacques Neirynck a réaffirmé son obsession à vouloir être candidat. Il se trouvera donc un autre parti. Aux dernières nouvelles, il hésitait entre Vaud Libre et les Verts libéraux. Il y aurait de quoi dire sur le «centre mou du Canton».

D’ailleurs, il serait amusant de voir M. Neirynck démissionner du PDC, garder son siège au National, et l’offrir à une autre formation. La vengeance serait croustillante. Elle aurait l’avantage de révéler l’idiotie intrinsèque du régime.

L’Hebdo s’est fendu d’une grosse double page en faveur de celui qu’il a toujours adoré. En effet, professeur EPFL, Suisse naturalisé, iconoclaste anti-armée et catholique très progressiste, Neirynck a toujours eu tout pour plaire au journal d’Alain Jeannet. Dans une brève analyse politique, l’omnisciente Chantal Tauxe montre du doigt l’incohérence de la stratégie du PDC. Il eût mieux valu, selon elle, abandonner Béglé, trop vieux, pour laisser courir Axel Marion (36 ans), en colistier au National avec Neirynck.

Cela s’appelle tirer des plans sur la comète. M. Marion veut-il vraiment monter à Berne? Personne n’en sait rien. Nous nous demandons simplement si Mme Tauxe n’a pas voulu défendre par la bande Neirynck contre Béglé: à abandon, abandon et demi. Quoi qu’il en soit, si la stratégie est peut-être celle à adopter, Mme Tauxe nous révèle qu’elle a parfaitement compris que l’objectif d’un parti est avant tout la prise du pouvoir et que les hommes qui le composent ne sont rien…

La direction suisse du parti, quant à elle, par la voix de Christophe Darbellay aurait réaffirmé son soutien à Jacques Neirynck. Il y a ce qu’on dit et il y a ce qu’on pense. En tout cas, cela n’a pas suffi et Béglé sera candidat, probablement malheureux, car moins connu que Neirynck.

La pièce n’est de loin pas terminée. Le rideau ne tombera qu’aux élections fédérales de 2015. Les rôles sont distribués entre Marion, arbitre des fatigants affrontements, auquel on prête peut-être à raison les plus grandes destinées; Darbellay en statue du commandeur; Béglé, en ambitieux vient-ensuite; et Neirynck, dans le rôle qu’il a toujours joué, celui du cavalier seul prêt à tuer sa monture, et à en changer au premier relais venu. En bonne tragédie, il faut un mort à la fin: le pays réel est tout désigné.

La Ligue vaudoise sait pourquoi elle ne participe pas aux élections.

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