Un été avec Homère

Que peut-on faire pendant un mois dans un pigeonnier de l’île de Tinos dans les Cyclades? Après une série d’émissions en 2017 sur la chaîne France Inter, c’est là que l’écrivain Sylvain Tesson en a rédigé une synthèse intitulée Un été avec Homère¹.

En un format dense avec des citations de l’Iliade et de l’Odyssée, l’auteur met en évidence l’actualité de ces textes. Pour lui, relire ces poèmes fournit l’aveu que rien ne change sous le soleil. L’homme reste fidèle à lui-même, animal grandiose et désespérant, ruisselant de lumière et farci de médiocrité. Homère permet d’économiser l’abonnement à la presse du jour.

C’est aussi l’occasion d’évoquer la traduction française de référence de l’Iliade. Elle est le fruit du labeur de Philippe Jaccottet qui, en réaction aux innombrables analyses de cette œuvre, écrit: Il y aura d’abord eu pour nous comme une fraîcheur d’eau au creux de la main. Après quoi on est libre de commenter à l’infini si l’on veut.

Et Tesson de rappeler qu’à l’heure où on n’est plus capable de lire un roman sans connaître par le détail la biographie de son auteur, il serait temps de renoncer à consacrer tant d’énergie à enquêter sur la plausibilité des choses, ce qui se fait en général au détriment de l’analyse de la substance.

Mais Tesson en vient à l’essentiel, l’invariabilité de l’homme: Les sociologues modernes se persuadent que l’homme est perfectible, que le progrès le bonifie, que la science l’améliore. Fadaises ! Le poème homérique est immarcescible, car l’homme, s’il a changé d’habit, est toujours le même personnage, mêmement misérable ou grandiose, mêmement médiocre ou sublime, casqué sur la plaine de Troie ou en train d’attendre l’autobus sur les lignes du siècle XXI….

Même si vous n’êtes pas dans les Cyclades cet été (le meltem y souffle souvent avec une véhémence difficilement supportable), n’hésitez pas à lire cet ouvrage revigorant.

Notes:

¹  Sylvain Tesson, Un été avec Homère. Editions des Equateurs / France Inter, 2018.