La haute ville de Moudon
Pour le marcheur qui descend d’Hermenches ou de Rossenges, l’arrivée par la passerelle dans la ville haute de Moudon, quartier appelé le Bourg, réserve de belles surprises. On chemine entre deux rangées de maisons de poupées, contiguës, vivantes. Mais si on les regarde d’en bas, d’un côté ou de l’autre de la barre rocheuse qui sépare la Broye et la Mérine, on constate que ces maisonnettes comportent un grand nombre d’étages et que le Bourg ne montre que le haut de ses constructions, qui descendent bas dans la pente, avec des balcons en bois, de petites terrasses et des jardins. Certaines de ces maisons remontent au XVe siècle.
Si vous continuez la rue du Bourg, Moïse sur sa fontaine vous accueille sur une place aristocratique où se dressent plusieurs bâtiments anciens: le Château de Carrouge, reconstruit aux XVIIIe et XIXe siècles, qui abrite la Fondation Mérine, école pour l’enseignement spécialisé, la Maison de Rochefort, où se trouve le Musée du Vieux-Moudon, et Grand-Air, ou Maison de Denezy, dont un étage est consacré au Musée Eugène Burnand.
Parlons d’abord de ce musée, le seul en Suisse romande qui soit dédié à un seul artiste. Ouvert en 1960, plusieurs fois modernisé, il abrite des œuvres que le Musée cantonal des Beaux-Arts ne présentait jamais, et qu’il a prêtées au musée moudonnois, par exemple le fameux Labour dans le Jorat, qu’il a fallu faire entrer par la fenêtre car ses dimensions (2 m 50 x 6 m 30!) ne permettaient pas qu’il emprunte l’escalier. D’autres musées et la Confédération ont prêté des œuvres au Musée Eugène Burnand qui, de plus, bénéficie d’un comité actif pour organiser des visites, des conférences et autres activités.
L’Etat de Vaud, propriétaire du bâtiment, ne l’a pas entretenu de façon adéquate, malgré sa note *2* au recensement cantonal. Il souhaite le vendre à la commune. Que vaut un bâtiment historique important, mais dégradé? L’investissement pour la rénovation sera important. Et le Musée Burnand ne peut pas déménager, bien sûr. Il serait regrettable qu’une collection si chère aux Vaudois soit dispersée pour retourner dans des dépôts obscurs, et que Labour dans le Jorat ressorte par la fenêtre! Les autres étages doivent trouver une affectation digne de son prestigieux voisin d’en-dessus.
Une autre menace pèse sur le site de cet éperon rocheux, unique par sa topographie et toutes ses constructions historiques, ensemble classé en note *1*: un projet de nouvelles constructions de quatre villas à toit plat et d’un immeuble de quatre niveaux à côté du Grand-Air (voir 24 heures du 8 juillet, p. 9). Il serait proprement scandaleux de défigurer cet endroit si majestueux et plein de grandeur passée et présente.
Les rédacteurs de La Nation ont une part importante d’eux-mêmes qui est rationnelle, mais ils gardent aussi parfois un côté sentimental que tous les Vaudois partagent. Pour qui connaît l’histoire, l’ensemble de la ville de Moudon, avec sa basse ville et l’église Saint-Etienne, représente le cœur battant du Pays de Vaud médiéval, son point d’ancrage, son centre. Les «capitales» vaudoises furent Avenches la Romaine, Moudon, Berne, enfin Lausanne. Depuis 2007, la ville a même perdu son statut de chef-lieu de district. Le chagrin que provoqueraient la défiguration de la ville haute et la dégradation de la Maison de Denezy si elle ne retrouvait pas une vraie vocation publique et culturelle serait immense.
Unanimes, l’histoire, la beauté, la raison et l’émotion crient: «Sauvez la ville haute de Moudon!»
Pour le marcheur qui descend d’Hermenches ou de Rossenges, l’arrivée par la passerelle dans la ville haute de Moudon, quartier appelé le Bourg, réserve de belles surprises. On chemine entre deux rangées de maisons de poupées, contiguës, vivantes. Mais si on les regarde d’en bas, d’un côté ou de l’autre de la barre rocheuse qui sépare la Broye et la Mérine, on constate que ces maisonnettes comportent un grand nombre d’étages et que le Bourg ne montre que le haut de ses constructions, qui descendent bas dans la pente, avec des balcons en bois, de petites terrasses et des jardins. Certaines de ces maisons remontent au XVe siècle.
Si vous continuez la rue du Bourg, Moïse sur sa fontaine vous accueille sur une place aristocratique où se dressent plusieurs bâtiments anciens: le Château de Carrouge, reconstruit aux XVIIIe et XIXe siècles, qui abrite la Fondation Mérine, école pour l’enseignement spécialisé, la Maison de Rochefort, où se trouve le Musée du Vieux-Moudon, et Grand-Air, ou Maison de Denezy, dont un étage est consacré au Musée Eugène Burnand.
Parlons d’abord de ce musée, le seul en Suisse romande qui soit dédié à un seul artiste. Ouvert en 1960, plusieurs fois modernisé, il abrite des œuvres que le Musée cantonal des Beaux-Arts ne présentait jamais, et qu’il a prêtées au musée moudonnois, par exemple le fameux Labour dans le Jorat, qu’il a fallu faire entrer par la fenêtre car ses dimensions (2 m 50 x 6 m 30!) ne permettaient pas qu’il emprunte l’escalier. D’autres musées et la Confédération ont prêté des œuvres au Musée Eugène Burnand qui, de plus, bénéficie d’un comité actif pour organiser des visites, des conférences et autres activités.
L’Etat de Vaud, propriétaire du bâtiment, ne l’a pas entretenu de façon adéquate, malgré sa note *2* au recensement cantonal. Il souhaite le vendre à la commune. Que vaut un bâtiment historique important, mais dégradé? L’investissement pour la rénovation sera important. Et le Musée Burnand ne peut pas déménager, bien sûr. Il serait regrettable qu’une collection si chère aux Vaudois soit dispersée pour retourner dans des dépôts obscurs, et que Labour dans le Jorat ressorte par la fenêtre! Les autres étages doivent trouver une affectation digne de son prestigieux voisin d’en-dessus.
Une autre menace pèse sur le site de cet éperon rocheux, unique par sa topographie et toutes ses constructions historiques, ensemble classé en note *1*: un projet de nouvelles constructions de quatre villas à toit plat et d’un immeuble de quatre niveaux à côté du Grand-Air (voir 24 heures du 8 juillet, p. 9). Il serait proprement scandaleux de défigurer cet endroit si majestueux et plein de grandeur passée et présente.
Les rédacteurs de La Nation ont une part importante d’eux-mêmes qui est rationnelle, mais ils gardent aussi parfois un côté sentimental que tous les Vaudois partagent. Pour qui connaît l’histoire, l’ensemble de la ville de Moudon, avec sa basse ville et l’église Saint-Etienne, représente le cœur battant du Pays de Vaud médiéval, son point d’ancrage, son centre. Les «capitales» vaudoises furent Avenches la Romaine, Moudon, Berne, enfin Lausanne. Depuis 2007, la ville a même perdu son statut de chef-lieu de district. Le chagrin que provoqueraient la défiguration de la ville haute et la dégradation de la Maison de Denezy si elle ne retrouvait pas une vraie vocation publique et culturelle serait immense.
Unanimes, l’histoire, la beauté, la raison et l’émotion crient: «Sauvez la ville haute de Moudon!»
Au sommaire de cette même édition de La Nation:
- Actualités d’une doctrine – Editorial, Félicien Monnier
- La journée d’histoire vaudoise de l’UPL – Lionel Hort
- Avoir la politique de ses moyens – Cédric Cossy
- Des citoyens comme les autres? – Jean-François Cavin
- Occident express 87 – David Laufer
- La honte de l’Europe – Olivier Delacrétaz
- Planification hospitalière vaudoise: la descente aux enfers – Jean-François Luthi
- Encore des faits – Jacques Perrin
- Ce qu’il fallait démontrer – Le Coin du Ronchon