Ne compliquons pas!
La démocratie directe repose moins sur une compréhension détaillée des objets de vote que sur un certain bon sens populaire fait de mesure, de retenue face à l’aventurisme, de souci des intérêts matériels et de méfiance à l’égard des idéologies.
Dans la grande réforme des droits politiques qu’entreprend le Grand Conseil vaudois, il est essentiel que la démocratie directe, parce qu’elle est l’affaire de tous et pas seulement des spécialistes, reste simple d’accès et de pratique. Or, la tendance est de la compliquer, ce qui finit par la dénaturer. Pensons au système du double oui, qui permet d’accepter simultanément deux projets dissemblables et privilégie arbitrairement le changement par rapport à la stabilité. Pensons à la clause de retrait que le texte d’une initiative doit obligatoirement comporter. Elle donne au comité un mini-statut parlementaire en l’instituant représentant des citoyens qui ont signé. Ce droit de retirer l’initiative, c’est-à-dire d’en court-circuiter les signataires, permet au comité de marchander discrètement avec les autorités. Le Grand Conseil va devoir décider s’il fait un pas de plus en introduisant le retrait conditionnel, c’est-à-dire l’institutionnalisation du marchandage, c’est-à-dire un pas de plus vers la complication.
Au sommaire de cette même édition de La Nation:
- Liste unique à la majoritaire – Editorial, Félicien Monnier
- Une certaine forme de complotisme – Pierre-Gabriel Bieri
- Le rapport sur la nouvelle LEDP – Lionel Hort
- Droit de vote et incapacité de discernement – Benoît de Mestral
- Les deux piliers de la démocratie directe – Olivier Delacrétaz
- E.-R. Blanchet, athlète du clavier et de la grimpe – Frédéric Monnier
- L’intersectionnalité – Jacques Perrin
- Statistiquement durable – Le Coin du Ronchon