Traces de subversion à la télévision

La télévision, en règle générale, est à l’avant-garde du progrès et de la modernité, et donc du wokisme socio-politique. Nous n’en avons été que plus étonnés, ces derniers temps, d’y trouver des traces inhabituellement nombreuses d’incorrection et de déviationnisme.

Les chaînes que nous regardons habituellement – c’est-à-dire, pour l’essentiel, les chaînes privées françaises – ont par exemple rediffusé la trilogie Taken, où l’acteur américain Liam Neeson massacre méthodiquement et consciencieusement une incalculable quantité de mafieux albanais, sans se préoccuper des risques de stigmatisation qu’un tel comportement peut entraîner.

Elles ont aussi repassé la série des films de Don Camillo, où Fernandel incarne le vigoureux curé de Brescello face à qui les communistes les plus impénitents finissent par tomber à genoux. Est-il bien prudent de laisser les téléspectateurs modernes rêver ainsi de l’Europe de l’après-guerre?

Dans un registre tout aussi réactionnaire, quoique moins militant, nous avons surpris l’inspecteur torontois Murdoch (Les enquêtes de Murdoch) faisant le signe de croix devant des cadavres, prenant ainsi le risque de choquer de nombreuses autres religions, voire le très progressiste premier ministre canadien en personne.

Enfin, plusieurs soirées nous ont permis de découvrir V, cette série de science-fiction des années huitante où des reptiliens extra-terrestres machiavéliques prennent une forme humaine pour gagner la confiance et l’amitié des Terriens, lesquels les accueillent avec de grands élans d’humanisme et de naïveté. Au fil des épisodes, on rencontre des journalistes serviles qui militent ardemment pour la cause des Visiteurs, des politiciens empruntés mais accommodants face aux exigences croissantes des nouveaux venus, des Eglises empressées qui condamnent sentencieusement tout manque de solidarité à l’égard de ces frères venus d’ailleurs. Wikipedia nous assure qu’il faut y voir une dénonciation de la manière sournoise dont le nazisme s’est répandu dans la société il y a un siècle. On frémit toutefois à l’idée que certains soient tentés, en 2021, de faire d’autres comparaisons.

Notre conclusion: en ces temps où la science infaillible et bienveillante réduit votre vie sociale comme peau de chagrin, n’ayez pas honte de regarder la télévision.