Zoologie frontalière

Il y a quelque temps, ravi comme toujours par la perspective de passer Châtel-Saint-Denis et de revoir mon cher Léman, j’ai été surpris par la présence au bord de l’autoroute d’un drôle d’animal. Entre la girafe et l’éléphant indien, bestiole grise au long cou, un cyclope d’airain se tenait immobile sur la bande d’arrêt d’urgence. Peut-être aurait-il été prudent de ralentir pour évaluer le comportement de la bête, je me contentai de la fixer; elle me fixait en retour, de son œil noir. Quand j’arrivai à sa hauteur, l’étrange dahu, peut-être amusé de me voir déruper à telle allure, me fit un large sourire étincelant.

Je compris alors qu’il s’agissait d’un congénère des monstres que l’on croise à toutes les frontières du Pays. L’animal n’a rien de sauvage: c’est un fonctionnaire comme les autres. Mon sourire disparaît quand je réalise que l’amende servira à financer des toilettes non-genrées dans une école primaire à Lausanne.

Si ces étranges animaux sont domesticables, peut-être pourrait-on songer à les poster près des écoles et des zones «30», où ils auraient, en plus de remplir les caisses sans fond de l’Etat, un rôle préventif.