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2044: un million de Vaudois

Baptiste de Christen
La Nation n° 2214 18 novembre 2022

Premier soir du séminaire de la Ligue vaudoise

Mercredi 2 novembre, le séminaire de la Ligue vaudoise 2022 ayant pour thème «2044: un million de Vaudois» a commencé avec deux premières conférences. Elles avaient pour objectif de poser les bases historiques et techniques de la démographie vaudoise, avant d’en aborder les aspects politiques les deux prochains mercredis.

M. Michel Pahud, historien, a inauguré ce séminaire avec sa conférence «Jalons pour l’histoire de la démographie vaudoise». Il a retracé l’historique des recensements et de la démographie en Pays de Vaud. Les autorités n’ont pas toujours mené des recensements, parfois appelés dénombrements, bien qu’elles en eussent les capacités. La population y était assez réticente par crainte d’un mauvais usage. Mais depuis plus de deux siècles, des recensements réguliers ont été réalisés par la Confédération et l’Etat de Vaud. Aux XIXe et XXe siècles, le recensement est au contraire utilisé pour répondre aux inquiétudes du moment: si au XIXe on craint la dépopulation, c’est, au XXe, la surpopulation qui inquiète. Les Vaudois se préoccupent également du nombre de Confédérés (Suisses non vaudois) habitant le Canton, des disparités entre régions, de la progression de l’athéisme ou du nombre de représentants à élire par circonscription.

La population vaudoise est ainsi passée d’un peu plus de 100 000 habitants en 1764 à plus de 800 000 en 2020. La croissance de la population n’a pas été constante. Elle a suivi une croissance relativement faible et régulière jusqu’au XXe siècle. Elle augmentera alors plus rapidement, notamment grâce à deux baby-booms dans les années 40 et 60.

M. Reto Schumacher, démographe pour l’Etat de Vaud au sein de Statistique Vaud, a conclu la soirée avec sa présentation des «Perspectives démographiques vaudoises à l’horizon 2050». L’Etat possède son organisme de statistiques à des fins d’anticipation et de planification des infrastructures.

Le calcul effectué par les démographes est simple: il s’agit d’ajouter à la population actuelle les naissances et les arrivées et d’en soustraire les décès et départs. Pour déterminer les termes de cette équation, il est nécessaire de formuler des hypothèses sur la fécondité, la mortalité et les migrations. Ces hypothèses sont construites en étudiant l’évolution historique, en consultant des experts et en réalisant des études de prospective prenant en compte les nombreux facteurs d’influence (évolution économique, politique, morale, scientifique…). D’après les perspectives de l’organisme à l’horizon 2050, la fécondité devrait rester relativement stable, l’espérance de vie devrait continuer à augmenter, mais à un rythme moins important qu’avant, et les migrations futures devraient légèrement diminuer.

Ces hypothèses mises bout à bout devraient conduire le Canton de Vaud à franchir la barre symbolique du million d’habitants aux alentours de 2044. Malgré cette augmentation continuelle de la population vaudoise, le taux de croissance devrait ralentir. Autre statistique intéressante, la proportion d’étrangers dans le Canton est passée de 23% en 1990 à 33% en 2020 et elle devrait atteindre environ 35% en 2050. En effet, l’accroissement de la population est majoritairement dû, environ aux deux tiers, au solde migratoire. Autre constat sans appel: la population vieillit. Le nombre de Vaudois seniors augmente de manière drastique, ce sont en effet les baby-boomeurs qui rejoignent cette catégorie d’âge. La statistique illustrant ce vieillissement est le rapport de dépendance, le rapport entre le nombre de Vaudois actifs et ceux ayant plus de 65 ans. Celui-ci passerait de 3,7 actifs pour 1 retraité en 2020 à 2,5 en 2050.

Au-delà de la démographie au niveau cantonal, il est aussi important de s’intéresser à la répartition de la population sur le territoire vaudois. Aucune région ne devrait voir sa population diminuer, mais les taux de croissance les plus importants devraient être observés dans le sous-arrondissement de Romanel (1,37% par an) et dans le district de la Broye-Vully (1,24% par an). Le taux de croissance moyen sur le Canton devrait en revanche être de 0,91% par an. Alors que la proportion de la population vivant en agglomération diminue depuis les années huitante, les perspectives seraient une augmentation de cette proportion à partir de 2030.

Cette croissance démographique semble être l’unique solution pour résoudre la difficile équation entre croissance économique et vieillissement de la population. Mais sont-ce là vraiment les seuls termes du débat? La suite de notre séminaire tentera aussi de répondre à cette question.

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