Bonne et heureuse année, remplie de futilités
Twitter peut-il nous apporter quelque chose d’intéressant? Lorsque le réseau était entre les mains de ses anciens propriétaires, la réponse était non. Depuis que la société a été rachetée en 2022 par M. Elon Musk – qui réussit ce tour de force exceptionnel d’être antipathique tant aux goûts de la presse bien-pensante qu’à nos propres yeux –, la réponse est toujours non. Même en admettant que les algorithmes de Twitter soient maintenant purgés de leurs anciens biais idéologiques, les contenus n’en restent pas moins insipides et futiles. Ils consistent, pour l’essentiel, en d’interminables et stériles échanges de noms d’oiseaux à propos de la guerre en Ukraine, des vaccins anti-covid, du réchauffement climatique, des gilets jaunes, de Donald Trump ou d’Alain Berset. Tout cela n’a aucun intérêt et on n’ose pas imaginer le temps consacré chaque jour par des millions de personnes à la rédaction de ces milliards de répliques inutiles, non argumentées et mal orthographiées, destinées non à informer ou à convaincre, mais seulement à donner à ceux qui les écrivent la vaine et fugace illusion d’exister.
Ce constat n’est pas tout à fait nouveau, ni propre aux seuls réseaux sociaux. La majeure partie de ce qui s’écrit aujourd’hui sur la Toile et sur le papier semble imprégnée de cette désespérante vacuité. Nous en avons un nouvel exemple chaque début d’année lorsque nous découvrons la passion avec laquelle la Chancellerie fédérale, puis les médias, puis d’innombrables inconnus commentent, analysent, dissèquent et décryptent la nouvelle photo officielle du Conseil fédéral. Symboles forts, significations profondes, messages cachés, dimensions allégoriques, positions et postures, gestes esquissés, expressions des visages, direction des regards, détails vestimentaires, présence ou absence de tels ou tels objets, etc. Nos voisins français font la même chose au début de chaque mandat présidentiel. Que cela est ennuyeux!
On pourrait nous objecter, avec raison, que la présente chronique n’est guère moins futile que celles dont nous nous moquons. Nous ne cessons d’ailleurs de le répéter aux rédacteurs en chef de La Nation, qui s’obstinent néanmoins à exiger la poursuite de ces frivoles contributions. Va donc pour une nouvelle année de badineries, où nous éviterons toutefois de commenter les photos officielles.
Au sommaire de cette même édition de La Nation:
- Un labyrinthe merveilleux - A un jeune qui s’interdit les livres d’histoire – Editorial, Félicien Monnier
- Occident express 108 – David Laufer
- La Fondation Beyeler fête ses vingt-cinq ans – Yves Guignard
- Un vernissage chez les francs-maçons – Lionel Hort
- Amahl et les visiteurs du soir – Jean-Blaise Rochat
- Les églises se vident – Olivier Delacrétaz
- Ah! La voiture… – Jean-François Cavin
- Imposition des couples mariés – Olivier Klunge
- La sécurité à n’importe quel prix – Benoît de Mestral