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Amahl et les visiteurs du soir

Jean-Blaise Rochat
La Nation n° 2218 13 janvier 2023

C’est l’histoire d’un petit berger boiteux et contemplatif. Parce qu’il a vu une étrange étoile traverser le ciel, il tarde à obéir à sa mère qui le somme de rentrer dans leur misérable masure. Résigné, il finit par accepter d’aller dormir. Peu après, on frappe à la porte: ce sont les trois Rois Mages. Fatigués par leur longue route, ils demandent l’hospitalité…

Ainsi débute le premier opéra créé expressément pour la télévision. Nous sommes en Amérique en 1951. Le livret et la musique sont signés Gian Carlo Menotti. Il a tiré son inspiration de L’adoration des mages de Jérôme Bosch, tableau conservé au musée de Philadelphie.

Le succès de cet étonnant chef-d’œuvre de moins d’une heure ne s’est jamais dissipé (il a été donné à l’Opéra de Lausanne en décembre 2017). On en trouve aisément plusieurs représentations filmées sur YouTube, la plupart satisfaisantes; mais aucune n’égale en émotion la première, qui est un enchantement de bout en bout. L’équipe réunie autour de Thomas Schippers est excellente, dominée par la bouleversante prestation de Chet Allen, soprano garçon de douze ans. Hélas la qualité d’une image septuagénaire non restaurée est de nature à faire reculer les indécis. Dans ce cas, portez votre choix sur la version audio parue en CD chez Naxos, au son admirablement remastérisé.

Ce divertissement tout public, plein de fraîcheur, est taillé sur mesure pour agrémenter le temps de l’Epiphanie.

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