Presse régionale – On nous écrit
En écho à votre éditorial du 30 mai 2025 du sur l'état de la presse cantonale, les journaux locaux membres de l'Association Vaud Presse – comme le Journal de Morges, Riviera-Chablais ou La Région, d'Yverdon – ont-ils la responsabilité de trouver une formule afin de couvrir l'entier du Canton ?
En théorie et dans l'esprit, l'idée est cohérente, mais le problème se pose dans la pratique. En effet, nos moyens sont ce qu’ils sont (en constante diminution) et ceux-ci s’affaiblissent notamment parce qu’en regard de la « responsabilité » à laquelle vous vous référez, il manque de plus en plus un retour « indirect » – je souligne ce mot très clairement – des institutions que nous sommes/serions censés évoquer dans nos colonnes.
Il n’est pas ici question de subsides jetés par la fenêtre pour nous faire plaisir en tendant la main sur une oreiller de paresse, mais d’une forme de « contrat de confiance » permettant de couvrir des « moments démocratiques » où nous sommes souvent les derniers à assurer une présence physique régulière.
Les communes sont par exemple avides de couverture rédactionnelle, mais de moins en moins enclines à investir « en retour indirect » – encore une fois – pour une offre d’emploi, la parution de l’ordre du jour du Conseil communal, l’inauguration d’un bâtiment mais plus encore la pléthore de manifestations que celles-ci organisent souvent après avoir engagé un « délégué aux festivités », imprimé des flyers via le « préposé à la communication » et engagé une équipe vidéo pour immortaliser le fameux couper de ruban.
Un conseil communal de n'importe quel village vaudois peut prendre jusqu’à 3-4 heures où nous sommes très souvent le seul membre de l'assistance. Ce service public équivaut à une journée complète si on y ajoute la « fabrication » complète d’un ou plusieurs articles, un complément à recueillir auprès d’un élu, le téléphone d'un motionnaire ou d'un édile pour s'inquiéter de nos choix rédactionnels. Ce traitement est d'ailleurs souvent réclamé par des élus qui ne sont pas ou plus forcément abonnés à notre journal – à titre de solidarité a minima – mais lisent volontiers le e-paper sur le compte de la commune…
Le Canton fait pour sa part oeuvre de pionnier avec un dispositif de soutien aux médias dans un registre novateur et il faut le saluer. En revanche, en dehors de ces tests, la partie plus classique a disparu de nos pages, comme une fermeture de route, l'offre d'emploi pour le cantonnier de la région ou la promotion de la dernière exposition d'un site culturel du canton, faute de… budget.
C’est dire que couvrir les grands moments de la vie politique cantonale me paraît pertinent mais bien difficile à ce stade, pour une simple raison économique. Une alliance pourrait se créer entre plusieurs titres de Vaud Presse, c’est vrai, mais pour faire du bon travail, angler les sujets selon la région en lien avec un objet particulier, doser la mise en avant des députés, il faudrait selon moi un poste à 100 % et nous ne pouvons tout simplement pas le financer alors que nos lecteurs attendent d’abord de l’actu « d’ici » et pas en premier lieu l’explication des ficelles du bouclier fiscal.
Cédric Jotterand,
éditeur du Journal de Morges, président de Vaud Presse
Au sommaire de cette même édition de La Nation:
- Des logements, vite! – Editorial, Olivier Klunge
- Vive la marche à pied – Antoine Rochat
- Touche pas à ma subvention! – Cédric Cossy
- En lisant Le Guépard – Yannick Escher
- Les Jeunes filles de Montherlant – Lars Klawonn
- En même temps – Olivier Delacrétaz
- Sortir par la porte, revenir par la fenêtre – Lionel Hort
- La menace selon le Conseil fédéral – Jean-Baptiste Bless
- Canicule dans l’Ajoie et la bonne humeur – Le Coin du Ronchon
