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Canicule dans l’Ajoie et la bonne humeur

Le Coin du Ronchon
La Nation n° 2284 25 juillet 2025

En été, il fait parfois chaud, et parfois pas. On serait tenté de considérer cela comme assez normal. Eh bien, nous nous trompons, car ça ne l’est pas. Aux premiers jours de grande chaleur, la presse nous a en effet annoncé «une courte anomalie de fraîcheur» après «une longue et très inhabituelle période de surchauffe». Le frais est anormal, le chaud aussi, et on en revient à cette question qui hante les sociologues: qu’est-ce que la normalité? L’article cité nous livre un début de réponse: «Les premières journées de chaleur sont toujours les plus difficiles à supporter. Après, on commence à s’habituer.» Ça au moins – et ça a tout l’air d’une affirmation scientifique – c’est toujours la même chose.

En continuant à lire tout ce que nos journaux préférés ont à nous dire d’indispensable à propos de la saison, nous tombons sur un autre article qui nous apprend que «nous ne sommes pas égaux face aux grosses chaleurs». On ne nous précise pas si cette inégalité est normale ou anormale, si elle est choquante et si les bureaux de l’égalité vont intervenir.

«Les Genevois ont bu trop d’alcool durant la canicule.» Voilà par exemple une information que, d’instinct, nous aurions considérée comme normale. On nous affirme pourtant que «c’est clairement du jamais-vu» et les professionnels recommandent à nos voisins du bout du lac de boire «au moins un verre d’eau entre chaque verre d’alcool». Ça risque de représenter beaucoup d’eau…

En parlant de beaucoup d’eau, on ne pense pas seulement aux averses qui se succèdent tandis que nous écrivons, relativisant quelque peu la canicule, mais aussi, forcément, à l’événement le plus exceptionnel de tout l’été: la manière dont la ville de Porrentruy, patrie des sangliers au pays des Béliers, qui s’était déjà fait une réputation régionale grâce à sa prison (où les Français n’ont jamais été interdits d’entrée), a réussi, en misant cette fois sur sa piscine publique et en bénéficiant des réflexes loufoques de la Commission fédérale contre le racisme, à sortir enfin de l’ombre (à cette saison, c’est original) et à se construire une véritable renommée internationale – sans même recourir à d’onéreux experts en notoriété touristique.

Quant aux irréductibles qui fuient l’eau, la foule, les cris et le chlore, et qui refusent de boire la tasse entre chaque verre d’alcool, ils se contenteront de remercier les Jurassiens d’avoir posé les jalons d’une nouvelle ligne de démarcation entre les forces du Bien et celles du Mal: hier encore, on était pour ou contre le réchauffement climatique, pour ou contre le Covid, pour ou contre l’Ukraine; aujourd’hui, on est pour ou contre la piscine de Porrentruy.

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