Identification
Veuillez vous identifier

Mot de passe oublié?
Rechercher


Recherche avancée

Sortir par la porte, revenir par la fenêtre

Lionel Hort
La Nation n° 2284 25 juillet 2025

En 1937, l’Université de Lausanne remettait à Benito Mussolini un doctorat honoris causa (d.h.c.), «pour l’excellence de sa doctrine».

L’exposition «Docteur Mussolini, un passé sensible» organisée par la Direction à Dorigny en ce moment revient sur le contexte vaudois et européen de l’attribution du titre, en insistant lourdement sur le fait que les autorités connaissaient le caractère violent du régime fasciste au moment de leur décision.

L’exposition, très bien fournie, traite aussi «d’autres passés sensibles» – Alfred Escher esclavagiste? Balthus éphébophile? etc. Elle pose la question du «plus jamais ça» par l’entremise du concept de la «fenêtre d’acceptabilité» théorisée par Joseph Overton. En résumé, à chaque époque correspond un ensemble d’idées socialement acceptables et politiquement défendables. Cette sensibilité peut être déplacée par un travail académique ou médiatique de propagande.

Un exemple récent serait la «zemmourisation» du débat politique français, les questions jusque-là taboues de remigration et de grand remplacement occupant depuis la dernière élection présidentielle une place centrale dans les médias de masse.

En étirant le thème d’une exposition historique aux débats sur la «montée des extrêmes», l’institution académique prend un salutaire recul historique, pour d’un même élan plonger tête baissée dans la polémique militante contemporaine.

L’Université semble condamnée à être à la fois le lieu d’un conformisme mandarinal et un espace de pensée critique. En 2023, alors qu’elle présentait sa politique mémorielle concernant son ancien étudiant italien au Conseil de l’Université, elle remettait un d.h.c. à une chercheuse américaine spécialiste des politiques de quotas dans l’administration et de la «théorie critique de la race». Loin de nous l’idée d’assimiler la doctrine fasciste à la philosophie postmoderne et à ses réalisations. Mais cette anecdote ne peut manquer de nous interroger, et interrogera sans doute aussi les historiens des générations futures.

Vous avez de la chance, cet article est en accès public. Mais La Nation a besoin d'abonnés, n'hésitez pas à remplir le formulaire ci-dessous.
*



 
  *        
*
*
*
*
*
*
* champs obligatoires
Au sommaire de cette même édition de La Nation: