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La vision technocratique du recteur Arlettaz

Olivier Delacrétaz
La Nation n° 1890 4 juin 2010
Dans une interview de 24 heures1, le recteur de l’Université de Lausanne, M. Dominique Arlettaz, se félicite du prochain lancement de l’initiative de l’Union des étudiants suisses (UNES) en faveur des bourses d’études. La journaliste lui demande: «Vous ne croyez donc pas au projet d’harmonisation des bourses d’études négocié par les cantons, qui pourrait bientôt entrer en vigueur?» Réponse de M. Arlettaz: «Mais si! Ces deux démarches […] ne sont absolument pas contradictoires mais complémentaires. Les cantons ont fait de gros efforts ces dernières années pour aboutir à cet accord et pour offrir des bourses d’études plus importantes. Mais c’est le moment de faire un pas de plus.» Et M. Arlettaz conclut: «L’effort des cantons est à saluer mais il faut maintenant reconnaître que l’aide matérielle aux étudiants est une tâche nationale, une valeur importante de notre pays qui doit s’inscrire dans notre texte fondamental.»

Ainsi donc, pour le recteur de l’Université de Lausanne, les efforts des cantons pour trouver des accords respectant les particularités de chacun d’eux n’ont de sens que comme marchepied d’une centralisation pure et simple, qui remplacera le fruit de leurs efforts par des normes bureaucratiques unifiées et pensées en allemand fédéral. C’est faire vraiment bon marché de la réalité confédérale de la Suisse et de la souveraineté des cantons!

M. Arlettaz ignore apparemment que chaque fois que la bureaucratie fédérale s’empare d’un sujet, si cadré soit-il, elle en profite pour étendre son pouvoir bien au-delà du nécessaire.

Enfin, et comme toujours quand on examine un sujet politique uniquement sous l’angle technique et matériel, M. Arlettaz néglige le fait que, si cette initiative aboutit et qu’elle est acceptée, les cantons n’auront plus le droit d’adapter les procédures d’attribution des bourses à l’évolution particulière de leur université et de ses rapports avec la communauté cantonale.

Cette désinvolture politique est inquiétante pour l’avenir de l’Université de Lausanne.

 

NOTES:

1 Martine Clerc, «Jusqu’où harmoniser les bourses d’études?», 24 heures du 12 mai 2010.

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