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«On peut vivre tranquillement et en paix quand on est une petite commune»

Nicolas de Araujo
La Nation n° 1894 30 juillet 2010
Il y a quelques semaines, Alfons Gratwohl, syndic de Surpierre (FR), a émis un avis discordant au sujet des fusions de communes dans le canton de Fribourg. Le processus de fusions et d’associations de communes, soutenu par l’Etat fribourgeois, est d’ordinaire salué comme une réussite par les commentateurs officiels – notamment en comparaison avec ce qui se passe dans le Canton de Vaud, où l’Etat aimerait bien voir davantage de communes fusionner. Pourtant, le «succès» fribourgeois en la matière ne doit pas cacher certains problèmes. Tout en précisant qu’il est un «syndic heureux», M. Gratwohl en dénonce trois: la diminution de l’autonomie communale, le transfert des charges financières du canton aux communes et les fusions inutiles. C’est ce que nous apprend un article paru dans La Liberté du 8 juin1, que nous citons largement: Alors que le canton de Fribourg projette d’encourager à nouveau les unions de communes […], Alfons Gratwohl affiche son scepticisme. «Je ne vois aucun avantage aux fusions. Celle de Surpierre et Praratoud n’a engendré aucune économie.» […] Les grandes communes sont plus performantes et offrent plus de services? Il refuse d’y croire. «En août, on ouvre la deuxième enfantine alors que la grande Fribourg en est incapable. Qui est mieux géré?» […] Il estime même que seul le canton profite des fusions. «Discuter avec 10 ou 50 syndics mécontents, cela fait une différence,» note-t-il. […] Pour lui, c’est souvent aux petits de payer, mais pas de décider.2

Certaines des remarques ci-dessus rappellent les arguments avancés en faveur de l’initiative «La parole aux communes», qu’avait soutenue la Ligue vaudoise. Dans un canton comme Fribourg, qui bénéficie d’une santé financière éclatante, d’une moindre disparité entre communes, d’un Etat plus léger, la même idéologie centralisatrice produit les mêmes effets néfastes que chez nous.

Nous n’avons rien contre les fusions si elles répondent aux besoins et aux souhaits des habitants. Mais la commune est le lieu de la vie locale, il ne faut donc pas la vider de sa substance politique sous prétexte de rationaliser l’administration. Des unifications inutiles engendrent des structures anonymes, coupées des citoyens. Or l’enracinement social, bien plus que la taille, est gage d’efficacité administrative.


NOTES:

1 Tamara Bongard, «Alfons Gratwohl veut lancer le débat sur l’autonomie des communes», La Liberté, 8 juin 2010.

2 Répondant aux critiques de M. Gratwohl, le directeur des institutions du canton de Fribourg Pascal Corminboeuf note que deux tiers des députés sont des élus communaux, et que ces entités sont donc très présentes dans les débats du Grand Conseil. M. Corminboeuf ne voit pas que ces élus communaux siègent au Grand Conseil en tant que membres d’un parti, dont ils défendent la ligne, et non en tant que représentants de leur commune.

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