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1870

Jean-Blaise RochatChronique vaudoise
La Nation n° 2006 28 novembre 2014

D’Henri-Frédéric Amiel, il ne reste pas grand chose de sa production poétique et critique. Il doit sa célébrité aux quelque dix-sept mille pages de son Journal (1839-1881), œuvre singulière et profuse, à la fois autobiographie, confession, psychanalyse, anthropologie, «itinéraire d’une âme», «autopsie morale», selon ses termes.

Ce Genevois universel, contemporain de Baudelaire, Dostoïevski et Flaubert, à quel titre peut-il figurer dans une chronique vaudoise? Tout d’abord, c’est une figure essentielle des lettres romandes; ensuite, il est voisin de Vinet, Nabokov et Rambert, dans le cimetière de Clarens. Mais la vraie raison, la voici: un siècle avant Chessex, notre diariste confiait à son Journal un portrait des Vaudois d’une épatante rosserie. Ames sensibles, lecteurs ombrageux, patriotes susceptibles, arrêtez ici votre lecture. Amiel, qui a pourtant choisi la terre vaudoise pour sa dernière patrie, n’est pas tendre avec ses hôtes:

«Que la vaudoiserie est curieuse. On y trouve toujours le même fond de circonspection pincée, d’amour-propre défiant, de flexuosité cauteleuse propre au campagnard devenu Monsieur. Ils ont toujours peur d’être mis dedans ou pas assez respectés. Il y a toujours dans leur ton, une sorte de défensive hérissée et de rancune chagrine qui me font rire. O matoiserie rurale, que tes anxiétés cousues de fil blanc sont comiques! Que cette subtilité est lourde, et que cette finasserie est exagérée. Ce qu’il y a de moins naturel au monde et de plus guindé, c’est le paysan en habit de ville. Il exécute continuellement la danse des œufs, et sans nécessité, ce qui réjouit d’autant la galerie.» (Journal, 17 décembre 1870, L’Age d’Homme, t.8, p. 417)

(Note: cet extrait m’a été aimablement communiqué par M. Eric Werner) 

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