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Une soirée sur le Service de renseignement militaire suisse

Jean-François Pasche
La Nation n° 2006 28 novembre 2014

Mercredi 12 novembre, la Ligue vaudoise a reçu dans ses locaux le brigadier Jean-Philippe Gaudin, chef du Service de renseignement militaire suisse (SRM). Ce service récolte, analyse et diffuse des informations sur les pays où les intérêts suisses sont engagés. Il s’agit principalement des pays où des citoyens suisses vivent. Le SRM fonctionne tous les jours de l’année, vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

M. Gaudin a longuement exposé la géopolitique mondiale actuelle. Il a relevé le dialogue de sourds qu’entretiennent les diplomaties russe et de l’OTAN. Notamment, les Russes tentent de légitimer l’annexion de la Crimée en comparant la situation avec le cas kosovar. L’OTAN réfute cet argument et accuse la Russie de violation du droit international. Les sanctions économiques sont la seule réponse des Etats-Unis et de l’Europe face à l’implication de la Russie dans la guerre civile en Ukraine.

De fait, les pays européens ne disposent plus des forces militaires suffisantes face à la Russie, dont l’armée se modernise sous l’impulsion du président Poutine. Quant aux Américains, ils délaissent militairement l’Europe, pour concentrer leurs forces en Asie.

Les sanctions économiques prises par les pays membres de l’OTAN sont à double tranchant: en Allemagne, elles seraient responsables de plus de sept cent mille cas de chômage. En Russie, le rouble est au plus bas. La Russie a bien la possibilité de vendre son gaz à la Chine, mais pour la moitié du prix obtenu en Europe. Pour les deux parties, la situation actuelle est intenable à moyen terme.

Le rôle du SRM est de récolter de nombreuses informations provenant de tout bord et de différents types: des photographies satellitaires, des informations provenant directement de personnes sur place, ou encore des articles de presse et des rumeurs. Le SRM entretient en outre des partenariats avec des services de renseignement d’autres pays. En outre, on reçoit beaucoup d’informations via les médias sociaux et la presse sur le conflit ukrainien. Selon le SRM, deux tiers d’entre-elles sont fausses.

Les différentes sources sont jugées d’après leur provenance et recoupées. L’information brute est analysée en fonction des intérêts défendus par l’informateur. Un informateur n’est jamais neutre. Il donne une interprétation des évènements conforme aux intérêts qu’il défend, ou du moins à la tendance géopolitique à laquelle il est favorable. Un journaliste russe ne voit pas de la même manière la crise ukrainienne qu’un journaliste américain. Il ne s’agit pas de déterminer qui a tort ou qui a raison, mais de saisir de chaque côté la part de réalité. En parlant de l’avion malaisien abattu en juillet au-dessus de l’Ukraine séparatiste, notre orateur estime que la connaissance actuelle des faits ne permet pas de déterminer le coupable.

Le SRM rend compte de ses analyses directement aux autorités politiques fédérales. Le chef du service côtoie le Parlement, intervient comme informateur dans les commissions de sécurité du Conseil des Etats et du Conseil national.

La Suisse est un pays neutre. Le SRM fournit une analyse des informations conforme à cette neutralité. La neutralité exige la recherche de la réalité et une perception impartiale de la géopolitique mondiale. Plus que cela, elle est un outil de notre politique extérieure.

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