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Moins de transparence!

Le Coin du Ronchon
La Nation n° 2134 25 octobre 2019

Dimanche soir dernier, la télévision nous a offert le spectacle d’une population déboussolée et versatile, se laissant facilement effrayer par les discours anxiogènes de candidats beaux parleurs, et ainsi prête à lâcher ses représentants traditionnels pour élire le premier pingouin venu.

Pour lever toute ambiguïté, nous précisons que nous parlons ici du film Le Retour de Batman, qui était diffusé sur la chaîne TCM Cinéma.

La Nation, elle aussi, est prête à toutes les compromissions pour séduire son lectorat – à défaut de son électorat. Aujourd’hui, nous allons tenter d’appliquer une recette éprouvée et largement pratiquée sur les réseaux sociaux: quel que soit le sujet, il suffit de quelques mignons petits chats pour capter immédiatement l’attention du public.

C’est donc une histoire de matous qui a récemment retenu notre attention dans le quotidien 24 heures. Dans le cadre d’un «projet collaboratif» entre l’Université, les Jardins botaniques cantonaux et la Ville de Lausanne, Plume a été équipée d’une balise GPS qui a méthodiquement cartographié ses déplacements. Résultat: un inextricable gribouillis rouge sur un plan de ville. But de l’opération: «montrer l’impact de nos minous sur la biodiversité et donner des conseils aux maîtres pour limiter la casse».

Limiter la casse? Oui, car ces braves bêtes, contrairement aux électeurs helvétiques, n’ont pas encore été sensibilisées à l’écologie, aux droits des (autres) animaux, aux vertus du véganisme et aux dangers d’une consommation excessive de viande. Une ONG aurait, paraît-il, classé le chat «parmi les espèces les plus invasives du monde». Et la suite de l’article fait froid dans le dos puisqu’on y lit que les chats bouffent entre 100’000 et 300’000 «individus» par mois! Les autorités avaient-elles conscience – avant la géolocalisation de Plume – qu’un matou en vadrouille est encore plus dangereux qu’un tyrannosaure dans Jurassic Park?

Et où va-t-on si les animaux se permettent de ne pas respecter la nature telle que l’homme la conçoit?

Heureusement, les histoires d’animaux sont toujours arrangées de manière à se terminer sur une note positive. D’abord, la lecture complète de l’article nous amène à penser que les «individus» dévorés par les félins ne sont que de petites bestioles. Ça chagrine les amis des bêtes, mais ça rassure les grosses bestioles que nous sommes. Ensuite, même pour les petites bestioles, la dangerosité du chat est relativisée, pour ne pas dire banalisée par les experts. Ainsi, une étude américaine permet indirectement d’affirmer qu’en Suisse environ 140’000 oiseaux s’écrasent chaque mois sur des vitres, ce qui permet aux défenseurs des matous de jubiler: «C’est autant que sous les griffes des chats.»

Et les oiseaux dans tout cela? Entre «Attention chat méchant» et «La transparence tue», ils sont mal barrés.

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