Une leçon en Ukraine
Le site internet areion24.news regroupe les articles de plusieurs revues de nature militaire et stratégique dont le magazine DSI (Défense et Sécurité internationale). Un article sur la crise ukrainienne a particulièrement attiré notre attention. De février 2014 à février 2015, une véritable confrontation militaire a eu lieu entre la Russie et l’Ukraine, bien que restée sous le seuil de la guerre ouverte. Selon Michel Goya, l’importance des moyens conventionnels (infanterie, chars, artillerie…) déployés par la Russie a été décisive1.
La première opération est une opération de saisie, le grand classique de la culture stratégique russe. […] En février 2014, la Crimée est défendue par 15’000 soldats ukrainiens avec une forte escadre de chasseurs MiG?29 et une brigade blindée-mécanisée. Elle est pourtant conquise en une semaine par quelques milliers de soldats russes, sans combat ni pertes. […]
Dès le début de l’opération de saisie de la Crimée, la Russie procède à un grand exercice de mobilisation militaire de long de la frontière. Ces exercices sont alors suffisamment fréquents pour permettre de nier tout lien avec la crise ukrainienne, mais il s’agit là bien évidemment de concentrer une masse de manœuvre suffisante pour subjuguer les faibles forces armées ukrainiennes ou au moins de menacer de le faire. Plus précisément, outre le groupement de forces en Crimée, le dispositif russe est structuré en deux groupements. Au sud, deux brigades motorisées et sept brigades ou régiments de Spetsnaz et de parachutistes sont placés face au Donbass. Au nord, ce sont six brigades blindées, mécanisées ou motorisées et trois brigades légères qui sont installées de Belgorod à la Biélorussie. L’ensemble représente environ 95’000 hommes, dont un peu moins de 50’000 dans les unités de combat […] En face, en 2014, il est possible que les forces ukrainiennes réellement opérationnelles ne dépassent pas 10’000 hommes.
Ces détails de nature purement militaire peuvent paraître de peu d’intérêt. Ils rappellent cependant que des crises peuvent survenir où la capacité de lever rapidement des bataillons d’infanterie et des brigades blindées, composées de pièces d’artilleries et de chars d’assaut, est l’enjeu majeur. Les Russes sont parvenus à neutraliser stratégiquement l’Ukraine, qui menaçait de tomber sous l’influence directe de l’OTAN, en appuyant les rebelles du Donbass avec des moyens conventionnels auxquels l’Ukraine n’avait rien de suffisant à opposer. Pensons-y dans les futurs débats relatifs au renouvellement des équipements de notre propre armée!
1 Michel Goya, «Comment neutraliser un pays sans le dire», DSI, 20 mars 2020, disponible sur https://www.areion24.news/2020/03/20/comment-neutraliser-un-pays-sans-le-dire .
Au sommaire de cette même édition de La Nation:
- Ouvrez les portes! – Editorial, Olivier Delacrétaz
- Des ponts à l’Est – Pierre-Gabriel Bieri
- Pas de confinement en 1918 – Jean-Michel Henny
- Les premières sonates pour piano de Beethoven – Jean-François Cavin
- Un espoir pour les communes? – Jean-Michel Henny
- Eloge de la responsabilité individuelle – Revue de presse, Rédaction
- Où est passée l’inspiration? – Charlotte Monnier
- La Grève du climat devient la Grève militaire – David Masson
- Jean Villard Gilles, une biographie artistique – Yves Gerhard
- Ramuz, amoindri et confiné – Jacques Perrin
- Occident express 59 – David Laufer
- Une pandémie qui fait mauvais genre – Le Coin du Ronchon