Cinq cures vaudoises à rénover

En été 2015, le Conseil d’Etat annonçait la mise en vente de vingt cures vaudoises, ce qui suscita une vive controverse¹. Ayant revu sa copie, l’exécutif cantonal décida de limiter cette vente à six bâtiments d’importance secondaire².

Au mois de mai de cette année, le Conseil d’Etat a publié un exposé des motifs et le projet de décret (EMPD), pour obtenir un crédit destiné à financer la rénovation de cinq cures historiques³.

Les cinq bâtiments en question sont situés à Bière, Dommartin, Romainmôtier, Rougemont et Vufflens-le-Château. Ils sont tous dûment répertoriés dans l’ouvrage de référence de Mme Monique Fontannaz⁴.

Signalons le cas particulier de la cure de Dommartin, qui a été construite en 1602, qui figure en note 1 au recensement architectural cantonal⁵, et que les services de M. Broulis voulaient vendre en 2015… C’est notamment dans la cure de ce village que se déroulait l’Histoire fantastique de William Bolomey, dernier pasteur chrétien⁶.

Les travaux envisagés par le Conseil d’Etat consistent pour l’essentiel à améliorer l’isolation, réparer les crépis, remplacer des fenêtres, créer des salles d’eau, aménager les cuisines, mettre les installations électriques aux normes actuelles et, dans deux cas, remplacer une chaudière à mazout par un chauffage à pellets.

Bénéfiques pour l’environnement, ces travaux devraient être dirigés par un architecte, nommé à mi-temps pour trois ans. Ils sont estimés à six millions de francs, couverts par la vente des cures décidée en 2019, et ils devraient augmenter le revenu locatif de l’Etat de fr. 80'000.- par année.

On sait que les cures ont pour vocation de servir de logements aux pasteurs de l’Eglise évangélique réformée du Canton de Vaud. Dans une réponse du Conseil d’Etat à un postulat, on apprend que, sur les 130 cures propriétés de l’Etat de Vaud, 70 sont occupées actuellement par des pasteurs ou des diacres, 50 sont louées à des tiers, une est utilisée comme poste de gendarmerie (!) et neuf sont vides, en attente de rénovation ou de location⁷.

Nous saluons le fait que le Conseil d’Etat ait manifestement pris conscience de l’importance du patrimoine que représentent les cures vaudoises:

Le réseau dense des cures vaudoises représente un témoignage historique de première importance. Son implantation illustre la mise en place de la Réforme au XVI^e siècle et l’organisation de l’Eglise protestante pendant les siècles suivants. De nombreuses cures constituent en outre, pour elles-mêmes, des monuments d’un grand intérêt patrimonial que le Conseil d’Etat estime important de conserver, entretenir et rénover.⁸

Le décret devra être approuvé par le Grand Conseil, et il sera soumis au référendum facultatif. Ces deux opérations ne devraient être que des formalités.

Enfin, nous souhaitons que les autorités de l’Eglise réformée vaudoise (Synode et Conseil synodal) marquent publiquement leur attachement aux cures de notre Canton, en tant qu’elles sont une marque visible de la présence de l’Eglise dans l’ensemble du Pays de Vaud.

Notes:

¹    Voir par exemple notre article «Cures vaudoises: un bradage inacceptable», La Nation n° 2027 du 18 septembre 2015.

²    Voir notre article «Six cures vaudoises à vendre», La Nation n° 2122 du 10 mai 2019.

³    EMPD accordant un crédit-cadre de CHF 5'979'000.- pour financer les travaux de rénovation de 5 cures propriété de l’Etat de Vaud.

⁴    Monique FONTANNAZ, Les Cures vaudoises. Histoire architecturale 1536-1845, Lausanne 1987 (BHV 84).

⁵    Rappelons qu’il s’agit de la meilleure note possible; les quatre autres cures concernées par le projet de décret ont la note 2.

⁶    Jean-Marc CHAPPUIS, Histoire fantastique de William Bolomey, dernier pasteur chrétien, Genève 1984 (Labor et Fides). Le village apparaît sous le pseudonyme de «Mardontin».

⁷    Rapport de la commission du Grand Conseil chargée d’examiner l’objet suivant: Postulat Céline Baux et consorts – Cures vaudoises à louer et à entretenir, mars 2021.

⁸    EMPD précité, p. 3.