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Le noble bréviaire de Vincent Grandjean

Vincent Hort
La Nation n° 2187 5 novembre 2021

Le Chancelier de l’Etat de Vaud a pris sa retraite le 30 septembre dernier, après vingt-quatre années de loyaux services. Une fois n’est pas coutume, cet événement a permis d’attirer la lumière sur la fonction de Chancelier et la personne de son titulaire, M. Vincent Grandjean.

Souvent méconnu du public, le Chancelier joue un rôle à la fois discret et essentiel dans le bon fonctionnement des institutions. Par facilité, les médias ont pris l’habitude de désigner le Chancelier comme huitième conseiller d’Etat, appellation que Vincent Grandjean a toujours récusée. Certes, le Chancelier assiste aux séances du gouvernement, prépare ses travaux et veille à la bonne exécution de ses décisions. Mais Vincent Grandjean a un sens des institutions trop élevé pour se méprendre sur son rôle. Il a toujours fait une claire distinction entre l’action du monde politique et celle de l’administration dont la vocation est de la mettre en œuvre et la traduire en actes.

Par le jeu des élections, les gouvernants passent mais l’Etat demeure. Le Chancelier se trouve précisément placé à ce point de contact entre la conduite politique et le service public. Le fait que la fonction ait été occupée par la même personnalité pendant près d’un quart de siècle montre la permanence de l’Etat et les hautes qualités dont Vincent Grandjean a fait preuve pour tenir cette fonction exigeante. En charge de l’appui et de la planification au Conseil d’Etat, responsable de la coordination avec le Grand Conseil et entre les départements, porte-parole du gouvernement et chef du protocole, le Chancelier est de ces fonctions qui ne se remarquent que lorsqu’elles dysfonctionnent ou font défaut. Tel n’a jamais été le cas de Vincent Grandjean qui a su fidèlement incarner la grandeur qu’il y a dans le service aux institutions.

Nommé en 1997, il a servi pendant six législatures et connu vingt-deux conseillères et conseillers d’Etat. Durant cette longue carrière, Vincent Grandjean a piloté de nombreuses réformes de grande envergure, à commencer par la mise en œuvre de la Constitution vaudoise de 2003 et des lois organiques qui en ont découlé. Son action diligente a beaucoup contribué à façonner l’Etat de Vaud tel qu’il est et fonctionne aujourd’hui. Au moment de la retraite, le Chancelier peut considérer avec fierté l’étendue de ses accomplissements et, s’il devait s’autoriser ce sentiment pourtant légitime, cela serait assurément avec sobriété.

Beaucoup a déjà été dit et écrit pour saluer les nombreuses qualités de Vincent Grandjean. Tous ces hommages sont amplement mérités et les Vaudois lui doivent beaucoup. L’auteur de ces lignes a eu le privilège de travailler sous sa conduite pendant plusieurs années au sein du collège des secrétaires généraux. Il voudrait relever ici l’attachement de Vincent Grandjean au Pays, son respect des personnes et des institutions, son autorité, sa finesse d’esprit et sa virtuosité à manier l’understatement qui est sa manière à lui d’exprimer le meilleur de l’humour vaudois.

L’une des dernières grandes réalisations de Vincent Grandjean a été la rénovation du Château Saint-Maire. Projet historiquement, techniquement et symboliquement complexe, il a été unanimement salué comme une brillante réussite. A cette occasion, une œuvre de l’artiste vaudoise Ariane Epars a été installée sur le mur qui fait face au grand escalier intérieur du monument. On peut y lire les douze vertus des nobles tirées d’un poème du XVe siècle: foi, loyauté, honneur, droiture, prouesse, amour, courtoisie, diligence, netteté, largesse, sobriété et persévérance. Qu’il soit permis de dire que Vincent Grandjean les a incarnées et particulièrement la première d’entre elles: la noblesse.

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