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My vegan is rich

Le Coin du Ronchon
La Nation n° 2194 11 février 2022

Le mois de janvier est terminé. Certains, par choix, l’ont passé sans boire d’alcool (dry january). D’autres sans manger de viande (veganuary, forme contractée de veganjanuary). Ce sont de nouvelles modes venues de la haute gastronomie anglo-saxonne. Des modes (au féminin) appelées à devenir des modes (au masculin) de vie: on ne parle pas de «repas sans viande» – comme quand on se prépare un bon petit plat de macaronis au parmesan et à l’huile d’olive – mais de «mode de vie sans viande». Ça fait plus intello, moins prolo. (Mais cela omet de signaler que le véganisme strict ne tolère pas les macaronis au parmesan et ne laisse donc que la possibilité de boire de l’huile d’olive.)

Or, voici que la presse, pour une fois, nous livre des informations intéressantes: ce sont «surtout des jeunes qui gagnent bien leur vie» qui ont célébré le veganuary. Plus généralement, «les aliments véganes séduisent surtout les personnes fortunées». Selon l’Office fédéral de l’agriculture, «le tofu, le seitan ou les petits pois sont particulièrement appréciés des jeunes familles de Suisse alémanique qui gagnent bien leur vie». Pour le commerce de détail, les aliments véganes représentent «un nouveau segment» qui aurait rapporté 117 millions de francs en 2020.

Donc, en résumé, le néo-carême de la religion moderne (censé purifier nos péchés, mais qui nous conduit à l’enfer des légumes plutôt qu’à la résurrection du Christ) n’est qu’un truc de riches. Une distraction pour nantis. Un amusement pour les bourgeois qui réclament du pain sans gluten et des jeux.

Et ça, c’est une excellente nouvelle pour les pauvres. Il y a longtemps, on leur avait promis le royaume des cieux. Aujourd’hui, en plus, ils ont toute la viande pour eux.

P. S. C’est aussi une bonne nouvelle pour la presse. En constatant toute la publicité faite autour du veganuary, on se dit que les journaux, avec ou sans aide publique, sont plus proches des riches que des pauvres.

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