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Santé: retour au réalisme?

Jean-François Cavin
La Nation n° 2255 14 juin 2024

Le rejet des deux initiatives fédérales démagogiques sur l’assurance-maladie et le coût des soins – rejet étonnamment net pour celle sur le subventionnement des assurés, merci, chers Confédérés alémaniques! – nous ramène aux éternelles questions du coût de la santé. Cependant que la gauche semble fourbir ses armes pour étatiser l’assurance-maladie, ce qui n’arrangera rien, il convient de reprendre sereinement la réflexion sur divers aspects du problème.

Dans le Canton de Vaud, qui a déjà instauré le subventionnement pour tous les assurés dont les primes dépassent 10% du revenu, il est temps de stopper l’explosion de la facture. Car le fameux «compromis dynamique» de MM. Maillard et Broulis, dont le coût a triplé, atteint aujourd’hui la somme pharamineuse de 850 millions selon le budget 2023. Il n’est bien sûr pas possible de détricoter cela d’un coup, mais on pourrait être plus regardant à la dépense. Un exemple: le revenu pris en considération pour le droit aux subsides est le revenu effectif, même pour le bobo qui a choisi de travailler à 70%; on soutient ainsi sa propension au dilettantisme, sans nécessité sociale – à la charge des contribuables. Les règles d’attribution devraient être resserrées. Peut-être même devrait-on fixer un plafond à la dépense publique, qui paraît hors de contrôle.

Quant au coût de la santé, il ne faut pas se faire trop d’illusions sur les possibilités indolores de les limiter. Car le coût des prestations médicales évolue peu, selon l’indice des prix à la consommation. Ni les tarifs médicaux, ni le coût des hôpitaux, ni le prix des médicaments n’ont sensiblement augmenté. Mais si le prix unitaire est stable, des nouveautés apparaissent, souvent très onéreuses, dans la pharmacie et l’appareillage. Et surtout la demande augmente; c’est la quantité des prestations qui explique principalement l’augmentation de la dépense. Cela tient d’abord au vieillissement de la population, car l’espérance de vie s’allonge, mais c’est souvent une vie égrotante.

L’essentiel des dépenses de santé concerne les personnes âgées, et plus particulièrement durant les deux ou trois ans qui précèdent le décès. Les primes d’assurances étant égales quel que soit l’âge, on arrive ainsi à cette situation ubuesque où l’Etat subventionne les jeunes pour qu’ils puissent, par leurs primes surfaites, subventionner les vieux. On ferait mieux d’échelonner les primes selon l’âge et de concentrer l’aide publique sur le soutien aux assurés âgés.

On objecte que cela pousserait au contingentement des prestations offertes aux personnes d’un grand âge. Voilà en effet un important problème, mais qu’il ne convient pas d’éluder. Il y a l’aspect de «l’acharnement thérapeutique», qu’on peut canaliser par des directives anticipées du patient. Et le contingentement des prestations ne serait pas une chose entièrement nouvelle. Aujourd’hui déjà de nombreuses recommandations d’éthique professionnelle, principalement émises par l’Académie suisse des sciences médicales, définissent quels examens et quels soins sont utiles, et avec quelle périodicité; le médecin reste libre de sa décision, mais il nous semble que ces règles de bonne pratique sont assez largement suivies, d’autant plus qu’elles sont relayées par la FMH. Il est probable qu’il subsiste là un vaste champ d’action. Car il faut accepter que la vie ait une fin, et donc que la médecine ait des limites.

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