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Mobilité immobile et immobilier mobbé

Le Coin du Ronchon
La Nation n° 2265 1er novembre 2024

La perspective de moderniser à peine six petits tronçons autoroutiers en Suisse fait perdre les pédales aux décroissants de tout bord (car il y en a hélas aussi dans les partis qui se prétendent de droite). Les opposants, omniprésents, se complaisent dans l’outrance («folie autoroutière», «projets extrêmes», «méga-autoroutes»), en brandissant des prophéties apocalyptiques et en annonçant le début de la fin du monde si les vingt kilomètres qui séparent Nyon de Genève obtiennent deux fois trois voies.

Mais tandis que le moindre projet routier se heurte désormais à la religion écologiste, le sacro-saint chemin de fer ne fait pas mieux, chaque crotchon de nouvelle ligne nécessitant entre vingt et trente ans de palabres et de travaux. Autant dire qu’avec des infrastructures uniformément saturées, la mobilité, qu’elle soit individuelle ou collective, est en passe de devenir un luxe hors de portée du citoyen lambda – auquel les experts conseillent déjà de n’habiter qu’en ville et de ne pas s’éloigner à plus de quinze minutes de chez lui.

Cette politique de non-mobilité suppose, logiquement, une densification des villes et la construction de nombreux nouveaux logements pour y entasser des citoyens-stagnants. Mais plusieurs votations communales récentes ont montré que les projets immobiliers déclenchent les mêmes psychodrames que les projets autoroutiers, et que les personnes qui se sont installées à un endroit sont les premières à refuser avec indignation que d’autres viennent s’y installer aussi.

Résumons-nous: pour partager les valeurs de l’humanisme moderne («Ne bouge pas et reste loin de chez moi!»), il faut construire un maximum de nouveaux logements là où aucune autoroute n’incite à d’ignominieux déplacements, et où aucun voisin ne se scandalise de l’arrivée de nouveaux voisins. Parmi les endroits correspondant à de tels critères, nous ne voyons guère que le Parc national (c’est-à-dire fédéral).

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