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Tout, tout de suite, moi en premier

Jacques Perrin
La Nation n° 2265 1er novembre 2024

Femina, supplément du Matin Dimanche du 20 octobre, nous apprend qu’au travail les tensions entre collègues vont croissant. Selon le jargon en vigueur, ça génère des crispations, des incompatibilités, ça impacte les carrières. Ça coûte aussi: 10 milliards par année à l’économie allemande, paraît-il.

80% des gens haïssent au moins un collègue de bureau. 75% jugent entre trois et six collaborateurs problématiques. Dépressions, burn-out et démotivation entraînent des pertes de productivité. Certains collègues sont toxiques à cause de leur négativité; d’autres, paresseux, délèguent leurs tâches; les prétentieux parlent trop fort, ils se solidarisent avec leurs collègues contre la direction, mais se montrent obséquieux devant les chefs. Les pires sont les pervers narcissiques et les leaders négatifs qui savent monter toute une bande contre une victime qu’on harcèle. Ils dénigrent leurs collègues pour atteindre leurs propres objectifs.

Vu la situation, les spécialistes, chercheurs et chercheuses, ont du grain à moudre. L’un d’eux pense que les entreprises ne maîtrisent plus l’organisation du travail. Nous croyions pourtant que tout se passait bien, l’horizontalité inclusive ayant remplacé la verticalité hiérarchique. Mais les managers intermédiaires cachent la vérité sous le tapis, craignant que la direction ne les juge incapables de gérer le team. Les témoins constatent que certains collègues se croient tout permis. Les spécialistes conseillent aux entrepreneurs de mettre en garde les employés devant les conduites inacceptables au bureau, de leur enseigner le savoir-vivre (comme il faudrait le faire en famille, à l’école, sur les routes et les trottoirs, aux urgences hospitalières, sur les terrains de sport, etc.).

Le même numéro de Femina publie une chronique revendicatrice de Coline de Senarclens, féministe appréciée des médias romands. Elle s’intitule Girls want to have it all. Les filles veulent tout, et elles l’auront, conclut Coline. C’est une reprise de l’exigence de Mai 68, tout, tout de suite, à laquelle on ajouterait, nous les premières. L’expression elles veulent apparaît quatorze fois. Par exemple, les filles veulent s’habiller comme il leur plaît, et pas une remarque ! – autrement dit provoquer le bourgeois sans subir de conséquences… Elles veulent zéro, un, deux, trois enfants, seules, avec leur femme ou leur mec. Et pour finir, elles veulent mourir quand elles le décideront. Bref, tout sera permis, avec l’approbation sociale et l’assistance législative de l’Etat.

Comment ne pas faire un lien entre les exigences illimitées de Coline de Senarclens et la toxicité des pervers narcissiques au travail? Si chacun dans sa bulle exige tout et son contraire pour soi-même et son collectif, aucune communauté ne connaîtra la paix ni l’harmonie.

On finit toujours par subir les conséquences de choix idéologiques extrêmes.

 

Note: Il paraît que Femina ne paraîtra plus qu’une fois par mois. Bien que sa rédactrice en chef, Mme Géraldine Savary, soit socialiste, Femina se conforme à l’idéologie libérale-libertaire. Centré sur le sociétal, l’actu, la promotion des minorités et l’éloge du féminisme, le magazine consacre un bon tiers de ses pages à la consommation en matière de mode, beauté, tendances, marques, alimentation saine, sexualité exubérante, et des produits nécessaires à la vie des jeunes bourgeoises romandes qui préfèrent sans doute le numérique au papier…

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