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Echos de la vie musicale au Pays de Vaud

Daniel LauferAspects de la vie vaudoise
La Nation n° 1929 2 décembre 2011
On remplirait aisément un hebdomadaire à réunir les critiques ou les évocations de tous les concerts qui se donnent continuellement dans notre pays, généralement de grande qualité, et souvent par des artistes inconnus. Nous n’en évoquerons que trois ici – qui n’ont pas eu au même degré les honneurs de la presse.

Le pari d’une double intégrale: 32x16

Quand vous arrivez à l’Aula des Cèdres, à l’avenue de Cour, vous croyez d’abord que vous allez entendre le Quatuor Sine Nomine et le pianiste Peter Rösel dans la grande salle ovale dont l’excellente acoustique est bien connue; il n’en est rien. Les organisateurs ont imaginé, dès la première de l’intégrale des quatuors et des sonates de Beethoven, en automne 2008, l’aménagement en salle de concert de tout l’espace, vitré du haut en bas, situé derrière l’aula proprement dite. Il en résulte que le lac, le Jura, les splendides couleurs rouge et or de l’automne font une tapisserie magnifique, digne du grand maître et de ses grands interprètes.

C’était une sacrée gageure que de prévoir sur quatre ans, et quatre weekends, l’interprétation des seize quatuors et des trente-deux sonates pour piano. Eh bien, non seulement les cinq artistes l’ont tenue de bout en bout, mais il nous a semblé même qu’il y avait une progression dans la maîtrise des partitions. Peut-être ce sentiment était-il dû, comme il est bien naturel, à l’émotion que l’on ressent à la fin du déroulement d’une suite de chefs-d’oeuvre; peut-être même avons-nous oublié la parfaite interprétation du premier quatuor et de la première sonate il y a quatre ans, et nous devons ici résister à l’envie d’évoquer chacun de ces seize concerts, mais il n’y a pas de doute qu’à la fin de la dernière sonate, celle de l’opus 111, après le bref silence qui suivit la dernière note, on a trouvé tout naturel et heureux que toute la salle se lève d’un bon pour applaudir longuement la magistrale lecture de Peter Rösel.

Les défis d’un imprésario

La troupe d’opéra tatare (par quoi il faut comprendre vraisemblablement l’opéra et les choeurs de Kazan, capitale du Tatarstan) devait donner La Flûte enchantée au Théâtre de Vevey, le 15 novembre dernier. Nous nous réjouissions de voir ce que les Tatars allaient faire de Mozart, spéculant que l’on ne risquait guère de devoir supporter une de ces mises en scène «résolument novatrices» et presque toujours accablantes dont nous affligent tant de producteurs occidentaux; et puis les Russes ont de belles voix. Il fallut déchanter: dix jours avant la date du spectacle, vous avez bien lu: dix jours, la troupe tatare fait défection en bloc, sans sérieux motifs, semble-t-il. Il en faut plus pour désarçonner Philippe de Bros, patron du théâtre. Jouant de ses relations dans tout le monde de l’opéra, il met la main sur un imprésario francfortois qui en moins de dix jours lui met à disposition la troupe de l’Opera Classica Europa, un orchestre et des solistes qui pour nous être tous inconnus, n’en étaient pas moins de valeur et nous ont offert une très belle Flûte. Il reste un mystère: comment a-t-on réussi à organiser la mise en scène et monter des décors d’un opéra qui n’est pas moindre, au petit théâtre de Vevey, probablement peu connu des gens de Francfort, en moins de dix jours?

Les cordes croisées des «Sonates du Rosaire»

Heinrich Biber (1644-1704) est un violoniste bohémien dont la virtuosité extraordinaire lui a valu d’être anobli par l’empereur Léopold Ier. Compositeur, il est aussi l’un des premiers à avoir mis au point la «scordatura», système de modification de l’accord des quatre cordes et qui suppose que l’on croise les deux cordes du milieu entre le chevalet et le cordier. Cela produit un effet saisissant, cette technique permettant à l’artiste de faire valoir une virtuosité qui est tout simplement éblouissante. On peut en juger si on a la chance de tomber sur de bons virtuoses qui mettent à leur programme les 16 Sonates sur les 15 mystères du Rosaire (1674) de Biber. Ce fut le cas des invités de l’Association des concerts spirituels de Belmont-Prieuré, qui ont eu la chance vraiment inouïe d’entendre ces seize sonates le 18 novembre dernier, dans la pittoresque église de Belmont. Nous avons tous été médusés à la fois par la beauté de cette musique inconnue, et par le jeu incomparable des artistes, Mmes Nadia Neves Rigolet et Catherine Plattner aux violons, et Anne-Claude Burnand Mauri, continuo.

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